Bon film, mauvaise adaptation

Désolé pour les parties spoil, le film étant sortir hier, il n'est pas évident de parler de tout sans spoiler.

Commençons par les bons points, et j'en parlerai en tant que fan du manga, pas en tant que critique cinéma amateur. Avouons-le, certaines scènes reprennent admirablement l'oeuvre originelle. Gally - et pas Alita, nous sommes en France - qui casse des mâchoires sous le même prétexte que dans le manga,

tout cela m'a empli de souvenirs émus, moments de joie et de tension découverts dans le manga et redécouverts dans le film. Gally ressemble à Gally, Zapan ressemble - presque - à Zapan, Vector EST Vector - physiquement, s'entend - etc. Bref, le manga est là, sous nos yeux, mais alors pourquoi cette note de 5 ? Parce que j'ai attribué ces 5 points pour ce que j'ai écrit ci-dessus... et aussi parce que ce film, dans sa volonté de lissage pour en faire une oeuvre destinée au grand public, réussit - à mon grand malheur - dans son objectif. Nous avons sous nos yeux un film de S-F tout public, à voir le week-end

Mais alors pourquoi seulement 5 ? A vrai dire, j'aurais voulu mettre moins, et je l'aurais fait si je n'avais pas tant respecté le matériau de base de Yukito Kishiro...
Où est Kuzutetsu ? Relisons le manga, et partons découvrir une ville dystopique où le ciel est noir, où les gens ne sourient que bourrés ou devant des corps massacrés au motorball, où les enfants jouent dans les flaques croupies avec des cadavres de rat ! Où est Kuzutetsu ?

Le film était vendu comme réalisé par un fan, mais de toute évidence il n'a pas compris grand chose à la quête d'individualité de Gally, à sa soif de liberté qui l'a pousse à s’enchaîner aux gens,

Mais je pourrais parler des heures encore de ce qui m'a gâché le film, en tant que fan de longue date.
Je terminerai en disant simplement que, dans sa volonté de résumer les 3 premiers tomes du manga - je n'ai pas vérifié, mais je pense être dans le vrai, plus ou moins, le film réussi plutôt bien son coup. Certains éléments sont ajoutés, d'autres enlevés, Makaku perd tout son charisme en passant aux oubliettes son histoire torturée - mais je m'égare encore - cela dit, ça fonctionne pas mal. Cela dit, certains personnages, comme Ido, perdent en profondeur et complexité ce qu'ils gagnent en origin-story parfois inutiles - encore Ido...
Bien sûr, certaines choses sont expliquées qui ne l'étaient pas dans le manga - l'origine de Kuzutetsu, par exemple, et les guerres passées qui n'ont pas grand chose à voir avec celles dont on entend parler dans Last Order - mais le tout fonctionne, et était inévitable, par manque de temps. Impossible de résumer de façon tout à fait 28 tomes - Gunnm et Last Order - de façon impeccable en 2h de film. Même le Seigneur des Anneaux n'a pas réussi à le faire en plus de 10h - cf Tom Bombadil...

Je terminerai par quelques phrases :
- La fin annonce une suite - sans compter que le manga est encore long dans son propos.
- J'ai réussi à apprécier ce film en endormant finalement mon amour du manga et en prenant ce film comme une oeuvre à part entière finalement plutôt bien fichue, qui ne comptait pas uniquement sur le numérique pour faire vivre son propos.
- Gunnm, c'est une quête. Une recherche de soi de la part de Gally dans un mode absolument dystopique qui tente de l'absorber sans y parvenir. C'est une jeune fille perdue, sans souvenirs, qui casse des mâchoires pour survivre en tentant de comprendre le bien et le mal. C'est un Guts - les vrais savent - dans un univers de rouages et d'acier manichéen où l'enfer s'avère plus accueillant que le paradis. Et je l'attend encore, cet univers sale, glauque, créé par Kishiro, dans toute sa complexité, et sa beauté graphique et scénaristique.
J'attends encore Gally.

PS et merde, du flan dans la main de Nova, c'était vraiment trop demander ?! Un flan !! Nova sans flan ?! Il ne faut vraiment jamais avoir lu le manga pour faire ça !