Etrange objet que ce "All the boys love Mandy Lane", péloche signée Jonathan Levine longtemps restée à prendre la poussière sur une étagère des ogres Weinstein, avant de faire son petit effet en festival.

Croisement pas si improbable que ça entre "Virgin suicides", "Scream" et "Bully", le film de Levine s'attache autant à retranscrire le spleen adolescent qu' à dérouler une pure intrigue de slasher, plongeant le spectateur dans une ambiance cotonneuse et planante, parfois même mélancolique, par le biais d'une mise en scène en apesanteur et aux couleurs saturées, le tout rythmé par une bande originale qui sent bon la fin de l'été.

Dans un premier temps, "All the boys love Mandy Lane" peut franchement ennuyer, voire agacer, tant le cinéaste semble s'évertuer à livrer un film d'horreur somme toute banal, nous servant les clichés et les lieux communs habituels, même s'il faut bien reconnaitre que la mécanique est extrêmement bien huilée et offre des plans absolument superbes, avec juste ce qu'il faut d'effets chocs et d'hémoglobine.

Mais comme pour renouveler un genre il faut le déconstruire, l'exploser de l'intérieur, Jonathan Levine va donc prendre un malin plaisir à saborder tout ce qu'il avait bâti jusque là, travestissant alors un slasher lambda en pure mise en abyme du genre, transformant ses personnages en clichés de chair et de sang qu'il faut détruire absolument si l'on veut avoir une chance de pouvoir repartir à zéro.

Une approche courageuse et inattendue, que certains pourront juger hautaine et roublarde, mais qui pour ma part a le mérite de sortir des sentiers battus et d'être plus honnête que beaucoup de bandes du genre, trop souvent imprégnées d'un second degré irritant, voir insultant et hypocrite, à l'instar d'un certain "Scream 4".

Aussi beau que désenchanté, aussi casse-gueule qu'atypique, "All the boys love Mandy Lane" demandera un certain effort de la part des spectateurs qui risquent fortement de trouver le temps un peu long durant les trois premiers quarts d'heure mais qui fini par dévoiler des trésors de richesse, cauchemar éveillé d'un être presque trop beau pour exister, ange tombé du ciel en plein milieu d'un océan de requins et de bouseux, superbement incarné par une Amber Heard insaisissable et inaccessible.

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le 18 août 2013

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Gand-Alf

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