Allelujah
Allelujah

Film de Richard Eyre (2022)

Une thématique à l'image de la culture britannique : sénile

Mais que se passe-t-il au Royaume-Uni ces dernières années ? Le pays est-il condamné à une mort lente et pitoyable avec une culture à l'image de l'éphémère Liz Truss, c'est-à-dire un sourire béat dissimulant un encéphalogramme plat ? Parce que ce que montre Allelujah, c'est une énième preuve de cet effondrement culturel.

Le film en lui-même n'a a priori rien de scandaleux et s'attaque à un vrai sujet : le sous-financement du système de santé britannique et le sort réservé aux aînés. Il y avait de quoi réaliser un film fort, avec des portraits de vieillards variés allant du gâteux à l'encyclopédie vivante ainsi que le récit d'une lutte de soignants qui cherchent à défendre leur métier face à la folie néolibérale.

Le problème, c'est que le film accouche au final d'un récit plus que quelconque. Le ton est celui d'un feel-good movie des années 2010, mais sans la profondeur d'un Pride. À nouveau, on a affaire à un recyclage d'une formule qui n'est plus adaptée au contexte de 2023 et qui sent le réchauffé industriel. Tout est hyper-lisse dans ce film : les soignants, les vieillards, les politiciens, rien de tout ça n'a de substance. À peine a-t-on une relation conflictuelle entre un ex-mineur homophobe et son fils homosexuel partisan des réformes néolibérales, mais le ton du film est tellement gentil qu'on a juste l'impression de voir une relation taquine entre les deux. À la fin du long-métrage, un personnage se révèle avoir commis des actes atroces, mais tout ceci surgit de nulle part et est réglé en deux secondes. À force de vouloir être lisse, le film crée du vide. Les personnages ne deviennent jamais plus que leur archétype et les vieillards sont tous décrits comme de grands enfants sans réel passé.

Quant à l'humour (parce qu'il s'agit apparemment d'une comédie), il est profondément daté et repose sur le coinçage de cul typiquement britannique consistant à être outré face à la moindre mention d'un quelconque rapport sexuel. Autant dire que ça a du mal à s'exporter outre-Manche, mais que cet humour est également anachronique tant 2023 passe son temps à parler ouvertement de sexualité.

À vrai dire, seules les 15 dernières minutes sont bonnes, car elles mettent en scène une véritable intrigue et abordent, de façon brève mais intelligente, de la pandémie de COVID-19. Mais à part ça... vous avez déjà vu ce film bien mieux fait par d'autres personnes il y a 10 ans.

MarxLeCyberpunk
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le 7 sept. 2023

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