Dans l'absolu, ce film est d'une simplicité monstre : deux acteurs réunis pour discuter dans une succession de décors avec une mise en scène se résumant globalement à des champs-contrechamps. Mais grâce la virtuosité d'Alex Lutz et de Karin Viard, tant devant la caméra qu'à l'écriture, on découvre un film très fort et extrêmement touchant.
Car le film repose essentiellement sur les échanges entre les deux personnages qui discutent longuement de tout et de rien avec un mélange de prétention intellectuelle et d'autodérision typique des relations amoureuses. Ces dialogues, très écrits, semblent néanmoins improvisés tant les mots sont délivrés avec un naturel fou. Le fait qu'Alex Lutz et Karin Viard aient écrits eux-mêmes leurs dialogues a sans doute aidé.
Il s'agit donc d'un film sur le langage qui partage beaucoup avec Anatomie d'une chute. Mais là où la Palme d'Or 2023 se concentrait sur une langue très rigoureuse (celle du monde judiciaire), Une Nuit met en avant un langage plus familier avec ses hésitations et ses imprécisions que les deux personnages ne cessent de questionner. Mais là où Anatomie d'une chute débouche sur un vertige vis-à-vis d'une langue traître, Une Nuit démontre que le langage n'est pas si important que cela et que ce qui compte est moins la langue que l'intention et le sentiment. Aymeric et Nathalie parlent moins pour transmettre des informations factuelles que pour exprimer leurs sentiments. C'est fort et beau à voir.
Il n'y a rien en réalité pas grand-chose à dire sur le film tant celui-ci est simple dans sa proposition tout en accouchant d'un résultat absolument marquant. À voir !