Présenté en ouverture du BRIFF 2023 (Brussels International Film Festival), le dernier film d’Alex Lutz provoque en alternance ennui, consternation et quelques rares sourires. Le temps semble long, les dialogues faux. Et les acteurs en surjeu constant ne sauvent pas vraiment la mise.
Paris, métro bondé, un soir comme les autres. Une femme bouscule un homme, ils se disputent. Très vite le courant électrique se transforme… en désir brûlant. Les deux inconnus sortent de la rame et font l’amour dans la cabine d’un photomaton. La nuit leur appartient. Dans ce Paris aux rues désertées, aux heures étirées, faudra-t-il se dire au revoir ?
Avouons-le d’emblée, le film du talentueux Alex Lutz est raté. Pourtant l’idée de départ ou l’intention semble bonne. Un homme et une femme qui ne se connaissent pas, s’aiment le temps d’une nuit. Ils et nous spectateurs savons qu’ils se sépareront à la fin de la nuit et du film. Bref, un film en écho à la ‘Brève Rencontre’, le chef-d’œuvre de David Lean. S’il avait été bien pensé, le film aurait dû avoir du charme, de la légèreté, de l’émotion. Mais c’est sans compter trois problèmes qui semblent plomber le film : la structure (répétitive), les dialogues (navrants), les comédiens (pas très bons).
Au moins le titre n’est pas trompeur. L’unité de temps est respectée mais mal utilisée. Il me semble que la durée de l’action d’un film est la conséquence des scènes pensées, écrites. Là il semblerait que ce soit le contraire. Le réalisateur-acteur semble avoir décidé de faire durer son action une nuit et y a ajouté des scènes pour faire durer son intrigue. Car le film est une succession de scènes qui se suivent sans vraie cohérence. Cela pourrait être un film à sketch : un sketch dans le métro, l’autre sur un banc, un autre se déroulerait pendant une soirée étudiante.
Cette structuration mal foutue fait qu’il y a un problème de durée. La durée diégétique (i.e. celle de l’histoire) est bancale. Il fait déjà nuit quand ils s’asseyent sur le banc. Ils semblent discuter pendant au moins trente minute, se baladent dans Paris puis s’incrustent après à une soirée pendant peut-être une bonne heure. Ils doivent en ressortir au moins après minuit. Pourtant la ville (Paris) semble encore ouverte, comme si on était en fin de journée. Mais le pire, c’est la durée ressentie. Après les trois premières séquences, le spectateur a l’impression d’être resté pendant au moins une heure devant le film. Hélas, un coup d’œil jeté discrètement sur mon portable me révéla (à mon grand effarement !) que seules trente minutes s’étaient écoulées.
Ce qui contribue à cet ennui, c’est la platitude des dialogues. Les personnages ne cessent de discuter de choses et d’autres au cours de la soirée, de la vie, de l’amour, du couple. Mais ce ne sont que des papotages sans intérêt. En ce sens, la plus consternante des séquences est celle où le couple discute de ce qu’est un homme, de ce qu’est une femme. Pour Alex Lutz, l’homme n’est qu’un petit enfant qui gaspille ce qu’il a sous la main. Quant à la femme, c’est une créature réfléchie, avisée, mature. Franchement, comme cliché sur les rapports homme-femme, j’ai trouvé ça d’une pauvreté affligeante. Dans le genre, mieux vaut revoir les films de Claude Lelouch (‘Un homme et une femme’, ‘La bonne année’, ‘Vivre pour vivre’ ou ‘Un homme qui me plaît’).
Enfin, j’ai trouvé les acteurs assez mauvais. Karin Viard en fait des tonnes, comme ça peut lui arriver parfois. Quant à Alex Lutz, un acteur qui s’est révélé dans ses derniers films comme un interprète fin, je l’ai trouvé assez faux et débitant très mal ses dialogues.
J’ai un peu de peine d’avoir à ce point flingué son film. Mais je ne comprends pas pourquoi l’acteur Alex Lutz s’est lancé dans cette aventure. Quel est le propos, la raison d’être de ce film ? L’épilogue (qui tombe comme un cheveu sur la soupe) propose une pirouette qui expliquerait le film, ou qui pousserait le spectateur à se souvenir des séquences qu’il a vue pour leur en donner un sens nouveau. Mais franchement, on s’en fout. Et quel ennui ! Mais quel ennui !