Et oui, on a beau avoir la cinquantaine, voir deux ou trois films au cinéma par semaine, être souvent pèpère ronchon et se laisser cueillir !
"Allons enfants" (rien à voir avec le film de Boisset ni l'oeuvre de Gibeau), c'est 59 minutes de fraîcheur cinématographique... 59 minutes de réflexions en tous genres et au final une jolie réussite !
Filmer deux gamins perdus en plein coeur de la Capitale sur ce court laps de temps c'est nous mettre face à nos peurs urbaines, certes réelles mais tellement conditionnées et pesantes... adultes malveillants (rapt, pédophilie...), accidents (de la route, chute mortelle, noyade...), intoxication (plantes vénéneuses, eau saumâtre...), blessures... etc... etc...
Stéphane Demoustier met ses deux loupiots en situation face à ces dangers, on ne peut s'empêcher d'y penser, de s'alarmer, de se courroucer... et pourtant... pourtant... à l'écran rien ne se passe. Au contraire, on suit les pérégrinations de Cloé et Paul, qui eux évoluent dans un autre monde, où la peur est absente et l'instant présent essentiel. Paris est une terre d'aventure, de liberté prompte à l'escapade et à une innocente suffisance.
Ce contraste est saisissant tout autant que réjouissant. Car en définitive, les gamins sont tout sauf inconscients et pressentent le danger, nos peurs ne sont pas les leurs, même si bien sur il faut être vigilent.
On pense au film d'Albert Lamorisse "Le ballon rouge", à sa poésie de la vie, et comme en 1953, on redécouvre la capitale pour ce qu'elle est aussi, hordes de pokémoneurs bien sur mais c'est partout, métissage des cultures, plaisir d'un pique-nique sur l'herbe le soir venu, bouillon de vie, espaces publics se révélant envoûtants ou magnifiques...
Il se dégage de "Allons enfants" un charme fou, une presque heure de relâche à la sinistrose de notre monde... Un moyen métrage utopique et un peu innocent... un pari risqué... une oeuvre gonflée d'air non vicié ? Que cela fait du bien !