Je m'attendais à un fantastique planplan. Une bonne surprise !
Almamula est inspiré de l'enfance du réalisateur qui a vécu dans un milieu conservateur très homophobe. C'est ainsi qu'il nous parle d'aliénation à différentes échelles : à la chaîne d'un ordre social, familial et religieux, d'une domination coloniale subtilement rappelée. Mais elle peut se retrouver moins attendue aussi dans la soumission d'un mari à sa femme par exemple.
Torales nous titille sur la porosité des limites, avec un grand travail sonore et aussi sur le hors-champ.
Comme le jeune protagoniste en proie à ses émois et envahi par une ambiance incestuelle malaisante, nous sommes effractés par les sons, assourdissants des insectes, par les engins de déforestation, par le clapotis sensuel de la rivière. Le trauma de la métamorphose pubertaire s'entrecroise avec le monde des tabous de l'inceste et du meurtre. L'intrusion et l'objectisation de l'humain est permanente, implicites, et les pulsions sexuelles suggestives malgré le discours de répression sociale. La parole est tû, pourtant des secrets traumatiques sont palpables. Le jeune Nino recherche la présence de l'horrible Almamula qui les présentifient, face à Dieu pur et transcendant, qui le renvoie trop à son manque (d'amour du père ?)
Il y a aussi toute une dimension de liens familiaux, sans doute une approche un peu psychanalytique, ce qui ne serait pas étonnant, comme lui même a dû s'appuyer de ce soutien pour s'en sortir.
Et je ne spoilerai pas plus pour ne pas vous gâcher ce bon film.