Il est plus qu’évidente que le cinéma sud-coréen est l’opposant parfait des majors hollywoodiens et démontre encore avec cette nouvelle franchise, qu’il saura trouver les armes et les arguments pour convaincre, même après le mort. Kim Yong-hwa alors revient adapter le webcomic de Joo Ho-min, où le mélodrame est source de tous les tourments, mais également une vertu d’un voyage ludique, plein d’humour et de fantaisie. Le blockbuster assume ainsi chaque ficelle scénaristique choisie, où les sept étapes du purgatoire seront exposées et illustré sans modération. La maestria de la production a de quoi gâter les yeux du spectateur, autant dans le spectaculaire que dans son côté larmoyant, justifié par un sentiment familial fort. Il ne faut cependant pas attendre davantage de cette aventure, qui avance parfois avec un poids sur le dos.
Le récit a besoin de temps afin d’introduire toutes les règles du monde des damnés. Elles ne sont jamais subtiles et mais offrent des cadres impressionnants pour les lieux des jugements, où celles et ceux qui ont failli de leur vivant. Nous sommes donc en la présence d’une être supposé vertueux, Kim Ja-hong (Tae-Hyun Cha), mais sa pureté n’effleure que la vérité sur sa dernière vie d’homme travailleur, altruiste et honnête. Nous ne nous arrêtons pourtant pas à l’état de stase, car ce dernier a le droit de se défendre. Il est secondé par un trio, qui l’accompagne dans une quête de réincarnation, tout cela en 49 jours. Ja-hong est ainsi le nouveau Phileas Fogg, parachuté dans le purgatoire de l’au-delà, où sa vie sera décortiquée par des divinités, loin d’être aussi omniscients qu’on pourrait l’imaginer. Ce qui place le serviteur Haewonmaek (Ju Ji-Hoon) et l’émotionnelle Deok-choon (Hyang-gi Kim) dans une bulle à part, sans passé, sans nostalgie à défendre. Mais pour peu qu’ils puissent hériter d’un avenir, ils font tout ce qui est en leur pouvoir pour contrebalancer la passivité ou la naïveté de leur nouvel invité.
Les dieux ne se trompent pas, mais deviennent soit sourds ou aveugles face à des justifications cachées par le scénario, véritable maître du karma, qui sauve presque à chaque fois ce vénérable homme du peuple. Le procès transgresse ainsi suffisamment de règles pour que l’on en vienne à bâtir des ponts avec le monde des vivants, où le faucheur Gang Rim (Ha Jung-woo) s’accorde le droit d’interagir avec une mère endeuillée. Doublons le tout avec des flashbacks qui ne servent en rien ce premier volet. Ce n’est pas pour bouder notre plaisir visuel, mais cela rallonge un peu plus l’intrigue, qui vante davantage ses exploits numériques au lieu de servir la justice qui opère. On ne pourra pas toujours trouver le même investissement émotionnel d’un jugement à un autre. Et les transitions musclées ne brossent pas non plus le meilleur portrait d’un accusé, dont les procureurs de l’au-delà ne cessent de piétiner. Si cela pouvait partir d’une anecdote assez vite oubliée, le récit préfère capitaliser sur le dernier message des enfants à leur mère.
Outre le destin d’un frère (Dong-wook Kim) vengeur, qui plante les graines d’une prochaine suite, « Along with the Gods : The Two World » cultive l’empathie à répétition. Cela peut éprouver, mais cela fera également son effet, si l’on ne s’arrête pas sur des détails d’urgence, comme un compte à rebours qui prouve son efficacité dans le dénouement. Avant cela, il faudra passer par un héros qui ne peut que parler avec ses souvenirs, tout en découvrant que sa destination aurait pu être tout autre. C’est un soulagement de trouver un parcours aussi nuancé et complexe. Il ne manquera plus qu’à la perfectionner avec un second volet qui mettra un peu plus de lumière sur les tuteurs du parangon.