Alphaville, une étrange aventure de Lemmy Caution par MrOrange
Disons-le dès maintenant : c'est du cinéma complètement dénué d'émotions, d'empathie. Tout est purement intellectuel et froid, fidèle à la lignée du film.
Mais ceux qui disent que ce film est abscons n'ont rien compris et ont voulu voir ce qu'ils voulaient voir, voulant prouver par a+b que Godard se fout de la gueule du spectateur, ce qui n'est absolument pas le cas ce film est extrêmement accompli et peut-être bien parlant que la majorité de ses autres oeuvres. Alphaville est clairement une allégorie d'un régime totalitaire, où la logique n'est celle que d'un seul homme (un robot ordinateur ici, Alpha50 qui n'a rien envié au Hal3000 de 2001 l'odyssée de l'espace, tout aussi si ce n'est plus passionnant), une logique qui s'oppose à l'intellectualisme (est-ce qu'un homme peut posséder ces deux qualités ? à toi de choisir ton camps camarade) où les gens dans la rue sont privées de leurs âmes et de toute humanité, expliquant l'ambiance terriblement austère du film.
Ce film métaphorique rappelle énormément La Jetée de Chris Marker (quand les grands esprits se rencontrent..), tous deux étant des films de science-fiction d'anticipation appartenant à la même vague.
Bref, Godard radicalise son cinéma, pourtant encore loin de ses films post-Pierrot le Fou, en faisant ce film passionnant autant sur le fond que la forme - et il est important de souligner que cet équilibre entre ces deux éléments qui font un film narratif est rare chez le cinéaste - avec un Eddie Constantine charismatique et une Anna Karina coincée entre les deux univers de ce film. Et fait rare chez JLG, l'amour triomphera !