Ils auront agacé bon nombre de spectateurs, notamment par leurs gamineries bêtasses et leur voix si particulière, et pourtant, ils attirent toujours autant film après film. Le premier avait su rapporter plus de 360 millions de dollars, le second plus de 443 millions et le troisième plus de 338 millions (bien sûr, je ne prends pas en compte le seuil de rentabilité avec le budget croissant à chaque projet). Pour dire que les critiques ont beau avoir descendu ces films, la cote des Chipmunks est toujours intacte ! Et si vous vouliez une preuve de plus, voici un quatrième opus débarquant fraîchement dans les salles obscures, et n’ayant aucune prétention si ce n’est celle de reprendre la même formule imposée par le premier volet : amuser sans se fouler le (très) jeune public tout en surfant sur le succès de trois célébrités fictives de la chanson américaine.


Et pourtant, malgré tout ce que l’on peut penser des films précédents, il faut bien avouer que cet Alvin et les Chipmunks 4 apporte son petit lot de nouveautés. Premièrement les chansons. Bien que ces chères boules de poils se permettent une fois de plus de piocher dans une playlist assez moderne (Uptown Funk, Turn Down for What…), il est ici beaucoup moins question de musiques qu’auparavant. Quelque part, cela fait du bien à ne plus entendre certains hits se faire massacrer avec ces voix à la Tic et Tac, mais de l’autre, cela donne l’impression de s’être trompé de film. Aussi bien relaxant que frustrant donc ! Ensuite, le rythme. Si jusque-là nous avions eu des histoires plus qu’enfantines qui enchaînaient les gags et passages niaiseux, cela se faisait toujours avec beaucoup de retenue. Avec ce quatrième volet, les choses se lâchent enfin ! La saga aborde un côté délirant que l’on ne lui connaissait pas, permettant à cette dernière d’avoir une énergie bien plus consistante et de toucher un plus large public qu’à l’accoutumée.


Et c’est sans doute pour cela que ce quatrième volet est actuellement le mieux critiqué de la franchise. Parce qu’il se dévergonde un peu. Mais je dois bien avouer qu’à titre personnel, ce n’est pas celui que je regarderai avec le plus de « plaisir » (un bien grand mot, j’en conviens !). Car tout cet aspect délirant, ce rythme endiablé et l’univers musical mis de côté (et ce malgré un caméo de Redfoo, membre du groupe LMFAO) m’ont fait regretter le tout premier. Ce petit film pour enfants sans prétention qui, malgré ses nombreux défauts, avait quelque part un certain charme, notamment avec ses notions sur la famille et sa thématique (présenter aux jeunots l’envers du décor du showbiz). Et il semblerait que plus on avance dans la saga, plus les films s’éloignent sans ménagement de cet aspect-là, que je trouve dommage. Mais si les gens préfèrent que les choses se passent ainsi, on ne peut malheureusement rien y faire…


Mais attention, il faut bien prendre ce que je dis avec des pincettes. En effet, j’ai beau clamer apprécier le premier opus pour ce qu’il était, je n’en oublie pas pour autant ses carences que l’on retrouve encore une fois ici. Et qui en font un film bas de gamme. Outre le fait d’avoir un scénario rachitique qui use d’un comique un peu trop enfantin (pour ne pas dire lourdingue par moment), nous avons encore droit à des comédiens véritablement mauvais qui ne savent ni jouer ni faire croire en la présence des Chipmunks (leurs regards, leurs interactions physiques avec eux…), à une mise en scène sans âme et à des effets spéciaux de piètre qualité. D’ailleurs, pour ces derniers, je suis effaré de voir qu’après neuf ans au cinéma, les équipes en charge de les incruster à l’écran ne sont toujours pas fichues de les rendre visuellement crédibles, malgré un budget croissant. Mais non, comme pour les films précédents, les Chipmunks donnent l’impression de n’être que de banals personnages issus d’un film d’animation qui auraient été « collés » à l’image, n’ayant tout simplement aucune présence à l’écran.


À la limite, le jeune public appréciera sans l’ombre d’un doute ce quatrième opus qui ne fait aucunement preuve d’originalité ni d’ambition pour exister. Et peut-être qu’un plus large public saura acclamer ces petits rongeurs au bout de la dixième tentative (vu la tournure prises par la franchise, il faut s’attendre à des suites à la pelle !). Mais en attendant, malgré un côté un peu plus dévergondé que d’habitude, Alvin et les Chipmunks 4 use le filon jusqu’à la corde et repose sur le succès de ses stars qui ne plaisent pas à tout le monde. Depuis le premier, la saga fonce dans le mur tout en parvenant à l’éviter à la dernière minute. Mais un jour viendra où elle prendra l’obstacle de plein fouet et là, les producteurs réfléchiront enfin à ce qu’ils nous produisent.

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le 19 mars 2016

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