« Always and forever », nouveau film de Chris Strokes sort ce vendredi 20 novembre 2020 en salles aux USA mais aussi, simultanément, sur trois plateformes vidéo du même pays, particulièrement pour les États dont les conditions sanitaires ne permettent pas aux cinémas d’être ouverts.
Malgré son casting prestigieux, ce « thriller » est un très petit film qui ne plaira qu’à un public peu averti du genre.
La rédaction de « FemmeS du Monde » l’ayant reçu et aucun autre film correspondant aux critères de date de sortie n’étant sous la main, nous avons décidé de regardé « Always and forever » afin de pouvoir, tout de même, vous proposer une critique cinéma cette semaine.
Synopsis
Lorsque les amis d’enfance d’une femme commencent à mourir dans des circonstances mystérieuses, elle devient convaincue que leur mort est liée à de sombres secrets de son passé.
Tout nouveau film du réalisateur – scénariste – producteur de musique hip hop Chris Strokes, « Always and forever » est son troisième « thriller » en deux ans, également co-écrit avec son comparse, le chanteur Marques Houston.
La notoriété du réalisateur, particulièrement entant que producteur de musique hip hop et rap (il est le manager d’artistes comme la rappeuse Lil Kim et du feu groupe B2K), et qui lui valut, entre autres, lors du lancement de sa marque de vêtements, en 2007, d’avoir Kim Kardashian à poser seins nus, ne portant que le jeans de la marque, pour sa promotion, a permis, une fois de plus, de réunir un casting de « stars ». C’est l’actrice Cynthia Addai-Robinson (très connue – particulièrement aux USA et pour les fans de séries TV – pour ses rôles dans le film de super-heros Marvel DC Comics « Arrow » et ceux dans les séries « Spartacus » et « Shooter ») qui tient le rôle principal dans cette production orientée « communauté noire ». Dans les rôles des trois amies d’enfance on retrouve : Deborah Ayorinde (« Girls trip » et les séries « Them : convenant », « The village »), Vanessa Curry (encore peu employée comme actrice elle n’en est pas moins l’une des membres du groupe musical « The pussycat dolls »), Rocsi Diaz (célébrité parmi les présentatrices de programmes télévisés – dont, actuellement, sur la chaîne « BET », commanditaire des trois « thriller » au réalisateur…). Ajoutons à ce casting : Loretta Devine (célèbre chanteuse et actrice aux 64 films, dont « Sam, je suis Sam », « Urban legend » 1 et 2, « Ce que veulent les femmes »), Audrey Smith (encore très jeune – bien que personne ne connaisse son âge dans la profession -, et dont la carrière a vraiment démarré en 2018, faisant de « Always and forever » son vingtième générique important) et l’acteur Wood Harris (27 films à son actif, dont un rôle dans « Celebrity » de Woddy Allen, et 13 séries TV dont la dernière en date est « Empire »).
Mais, malgré tous ces CV’s et talents divers, il manque deux des trois éléments fondamentaux pour faire un bon film, qui sont : un scenario qui tienne vraiment la route (particulièrement important pour un film sensé être un « thriller ») et de la créativité dans l’élaboration des plans, du cadre, des enchaînements d’une scène à une autre. Ors, dans « Always and forever », vous n’avez rien qui se tient, non seulement pour ce qui est de l’histoire en général, mais, surtout, concernant l’intrigue policière ! Plus exactement, il vous suffit d’avoir un peu de bons films et/ou livres policiers à votre actif pour tout voir venir des années lumières à l’avance (et, pour notre cas, où, du fait d’avoir été capable d’identifier, sans le moindre doute, le tueur en série dans « The bone collector », dès la scène d’ouverture, toute l’intrigue de « Always and forever » était entièrement bouclée, pour nous, avant même la vingtième minute du film, sachant parfaitement que la personne arrêtée et jugée pour les meurtres des amies de l’héroïne n’est pas la bonne – et puis, il faut dire que, boucler le procès du coupable plus de vingt minutes avant la fin du film, ça ne laisse aucun doute sur le fait que le vrai coupable court toujours!).
Le scenario de ce film est tellement poussif que, entre la scène où l’héroïne découvre enfin l’identité de l’assassin qui s’apprête à la tuer à son tour, et la fin, avec le « bon flic » qui arrive au secours de l’héroïne juste au dernier instant, dure un quart d’heure ! Oui ! 15 minutes de « Je vais te tuer », « Non, j’arrive à m’échapper », « je te rattrape », « Je t’échappe à nouveau », « Je te tiens enfin », « Pourquoi veux tu me tuer », « J’ai tué et vais te tuer parce que ceci et cela », « Je fais le geste pour te tuer », « Ouf ! Le bon flic a descendu le psychopathe et sauvé la gentille et belle héroïne » !!! Franchement, pour le peu que cela apporte à l’histoire, six minutes maximum auraient bien suffi ! Même le lieu de la scène du dénouement – et, encore plus précisément, du moment fatidique du coup de revolver final – ne sont pas une surprise ! Et, pour ce qui est de la résolution de « l’énigme » que le meurtrier laissait à découvrir, en déposant, auprès de chacune de ses victimes, un bout de papier blanc avec trois lettres écrites en majuscules, et qui donne, au bout du coup : « Always and forever » (en fait, le tueur écrit « 4ever » au lieu de « forever ») – faisant le titre du film -, cela reste tiré par les cheveux !
Côté « qualité visuelle », comme nous l’indiquions plus haut, c’est tout aussi catastrophique ! Seul un enchaînement de deux plans est très bien pensé (et, lorsque nous l’avons vu, nous nous sommes dit « Ah, enfin un vrai travail de réalisation ! »…Mais non, même pas!).
En fait, ce film ressemble à ce que le réalisateur est juste habitué à faire : un clip vidéo de hip hop US ! D’ailleurs, il y a tous les ingrédients : de très jolies filles, de beaux mecs noirs, des voitures de luxe, une maison type « mansion d’Hugues Heffner », immense et hyper luxueuse, avec des pièces au mobilier toujours tellement propre que l’on voit que c’est un décor tant il n’y a pas de signe d’usage comme dans la vraie vie – rien que la salle de séjour de la maison du couple pourrait loger l’équivalent d’un gymnase d’immigrés ayant traversé la Méditerranée, et la vente de tout ce qui se trouve dans la villa ferait vivre, facilement, 1 000 de ces mêmes immigrés, pendant un an ! Et si nous prenons en référence ces personnes-là, c’est parce que, comme dans tous les clips de hip hop des États-Unis d’Amérique qui se respectent, le but n’est que de montrer que des noirs peuvent aussi réussir dans la vie (encore heureux ! Est-il encore besoin, de nos jours, de le dire?) et baigner dans le plus grand luxe (preuve que la propagande capitaliste qui a mis en esclavage leurs ancêtres a parfaitement réussi à faire d’eux aussi ses esclaves, mais de façon plus docile alors que toute aussi injuste…).
Mis à part la bonne prestation de l’acteur Wood Harris – qui a dû se débrouiller comme il pouvait dans cette production avec un réalisateur ne sachant pas diriger ses interprètes -, notre honnêteté légendaire nous fait dire que, seule la beauté de l’héroïne et de ses trois amies d’enfance vient compléter le peu d’intérêt que nous avons tiré de ce film qui, mine de rien, dure 1h38 !
Christian Estevez
N.B. : critique publiée sur le site de "FemmeS du Monde magazine", le 2020 novembre 2020