Un instituteur a du mal à se faire respecter dans sa classe. Il semble ne plus aimer son métier, sa vie privée part à vau l'eau, on le sent brisé, jusqu'à l'irréparable.
Am-Stra-Gram (et non Instagram) est le deuxième film réalisé par Jan Troell, et fut récompensé d'un Ours d'Or Berlin en 1968. Il montre le quotidien d'un homme dont les collégiens qu'il s'occupe (car il doit enseigner toutes les matières) sont clairement montré comme insolents, qui lui répondent, et dont celui-ci, quand l'autorité en tant qu'instituteur et/ou adulte ne suffit plus, leur crie dessus, voire leur flanque des baffes. On sent qu'à chaque fois qu'il va au collège, il n'a pas l'air heureux, excédé par le bruit des pupitres, des pas dans les couloirs, des cris, et c'est clairement un homme dépressif, que joue très bien Per Oscarsson. On le voit grâce à ces trouvailles que sont l'image qui se déforme parfois ou filmée en grand angle, car plus ça va, plus le film procure au fond une sorte de malaise, car l'espoir n'est guère permis.
Il y a une scène qui résume tout, qui est la confrontation entre les parents d'élèves et cet instituteur, parce que celui-ci a giflé un élève rebelle : il y a le camp de ceux qui trouvent ce geste scandaleux et d'autres qui disent que ça ne peut pas lui faire de mal d'avoir manqué ainsi de respect, le tout dans un brouhaha indescriptible où Per Oscarsson semble totalement ailleurs, perdu entre les diverses personnes qui s'engueulent.
C'est clairement une vision de l'éducation d'une grande noirceur, y compris à la fin lors d'un voyage scolaire au bord de la mer. Dans ce filmage en noir et blanc, Am-stram-gram fait un peu penser au Free cinema dans le sens où c'est totalement naturaliste, et qui ne donne pas envie d'être instituteur. Mais tant que ça donne un film aussi réussi...