En 1984, y en a qui ont surement pensé de sampler la musique de Mozart, Milos Forman, son scénariste et la production ont préféré sampler son histoire. Bien leur en a pris. Il faut dire qu'en ces temps obscurs qui nous inondent de biopics, tous les partis pris adoptés pour raconter le génie de Mozart sont mis en valeur.
Déjà, pour recontextualiser l'entreprise, le projet entre encore dans le cadre d'un cinéma ambitieux, culturel et divertissant et quoi de mieux, au sortir des années 70, que de le mettre en scène comme une rock star?
Perruque oblige, les cheveux longs ne peuvent être de rigueur, l'idée du siècle pour démarquer le personnage sera alors son rire. Tom Hu hu hu hu hu Hulce se fera un plaisir de ponctuer la plupart des scènes euphoriques marquant le début de la carrière.
Mais 84, c'est aussi l'année du retour du Jedi et Wolfy verra ses démons incarnés dans la personne de Léopold "darth father" Mozart, téléguidé par l'Empereur Salieri.
Alors, parlons de Salieri, merveilleux antagoniste du génie, presque trop d'honneur pour cet honnête compositeur italien qui n'en n'a jamais réclamé tant de son vivant. L'utilisation de ce personnage sert de pivot pour raconter le génie mais surtout de le vivre. Toutes les meilleures scènes tourneront autour de lui, quand il introduit Mozart au curé avec la Sérénade, quand il se fait humilier devant l'empereur, quand il découvre les partitions originales, quand il raconte au curé le défi envers Dieu, quand Mozart le parodie avec les saltimbanques et qu'il finit par un prout et bien sûr, quand il initie et parachève toute la partie requiem.
Sans lui, le film ne peut que tourner en rond, à la manière de la tonne de biopics. Sans quelqu'un qui narre son dégout de voir autant de génie dans une personne qui ne se veut que normale même si douée, sans sa compréhension et interprétation qu'il a de la musique et finalement sans sa communication avec le compositeur pour lequel on fait un film.
Finalement il est là aussi pour rappeler l'influence italienne qui donne toute l'esthétique exubérante du film dans les intérieurs, l'ensemble oscillant entre le carnavalesque latin et les dorures strictes germaines, un environnement qui ne peut que donner de l'émulation au talent de Momo tout en explicitant son caractère dans le film.
A savoir que les extérieurs de Vienne sont filmés en Tchécoslovaquie, ce qui peut ajouter un soupçon d'aridité même si j'ai cru un moment reconnaitre Strasbourg.