Moi, je m'en tamponne la clarinette de Mozart. D'autant plus qu'il ne s'agit même pas d'un vrai biopic sur le compositeur, mais simplement d'une adaptation éponyme d'une pièce de théâtre signée Peter Shaffer. Et il dure trois heures ce machin ! Ajoutons à ça, que la musique classique n'est pas du tout dans mes cordes. Bon...Ok, c'est parti. C'est sympa d'apprendre que, déjà, Mozart n'était pas aveugle.
Dès l'ouverture, nous sommes submergé par du Mozart. On va voir Wolfgang. On va vivre Amadeus. De son enfance prodige à l'adolescence vulgaire, où son humour douteux sera mis en avant. Où l'on notera une délicieuse scène avec sa promise à base de poésie scatophile - egnam nom acac - qui instaure déjà bien l'ambiance du film, à la fois 'sérieuse', musicale mais également très drôle, où l'on notera déjà la fourberie, non pas de Scapin, mais d'Antonio Salieri, caché durant l'action. Qui fut loin d'être un Don Juan.
Salieri était le musicien de la Cour. Il va nous raconter son histoire, enfin surtout sa rivalité avec le certain Amadeus à travers une confession. Nous allons donc suivre la 'vie' de Mozart, de ses relations avec l'empereur mélomane Joseph II, de sa commande de l'opéra allemand ou italien, de sa montée de notoriété, de ses représentations à l'opéra, jusqu'à sa décadence. Milos Forman n'est pas là pour nous jouer du pipeau enchanté.
On découvre donc un Mozart, bien loin de l'auteur modèle. Notre protagoniste est un éternel arrogant, vulgaire, culotté et perruqué, qui n'aura de modeste que le cercueil, car dépensier à n'en plus finir à force d'avoir la folie des grandeurs. Puis de l'autre côté, y a Salieri, notre narrateur, qui va tenter de récupérer sa place de grand musicien, en tentant d'évincer le prodige tout en essayant de comprendre la raison de ce génie presque divin. La religion est un thème récurrent dans cette oeuvre, car Salieri s'est voué tout entier au service de Dieu. D'où sa confession presque synonyme de Requiem en Ré mineur.
Bordel, quelle maîtrise. Presque une sérénade parfaite offerte à un public qui n'en attendait sans doute pas autant, du papa de Vol au-dessus d'un nid de coucou. Le cinéaste nous offre un mélange harmonieux de comédie légère avec ce rire si marquant et tordant, qui mérite autant de succès que le cri de Wilhelm, mais également un côté dramatique exceptionnel où l'on s'attache autant aux deux rivaux, qu'on les prend finalement en pitié.
Puis ces représentations qui nous sont offertes. Ces situations personnelles qui se délèguent en concerts vertueux, sont mise en scène d'une main de maître de façon magistrale. Milos est vraiment fort, man.
En réalité, c'est une véritable confession de toute une vie. Une oeuvre enchanteresse très mature et pourtant si légère où personne ne restera insensible aux personnages de Wolfie, Antonio ou Constanze interprétés à merveille sous une bande son presque angélique du légendaire musicien, qui donnerait presque envie d'aller à l'opéra juste après ces trois heures magiques.
Puis ce n'est pas parce que ce n'est pas extrêmement fidèle qu'il faut en faire tout un fromage, hein, du moment que Mozart est là.