"- Ce soir je vais à la projection de Mommy"
- Ah tu vas voir La Momie !
- Non Mommy.
- Bah le truc égyptien ?
- Non, le dernier film de Dolan.
- Ahh celui qu'à fait les Batman ?!
- Euh... Non lui, c'est Nolan
- Ah... euh... bon bah... bon film."


Mommy est un film dramatique écrit et réalisé par le prometteur Xavier Dolan qui remporta Le Prix du Jury à Cannes à 25 ans, ce qui fait de lui le second plus jeune de l'histoire du festival à recevoir ce prix, après Samira Makhmalbaf. Donc rien à voir, avec La Momie où Rick O'Connell profane impunément des tombes en dérangeant Imhotep. Nous ne sommes donc pas en Egypte, mais bel et bien au Canada.


Steevy l'boulet


Steve est un sale gosse effronté disposant de 'Trouble du Déficit de l'Attention avec Hyperactivité'. Ce sacré branleur est le personnage principal, qui vient d'être expulsé d'un centre de rééducation, pour une énième catastrophe dont il en est la cause. Plus personne n'en veut, sa mère veuve se doit de gérer seule cette énergumène. Elle ne peut gérer ce garçon sans défectuosité.


String qui dépasse et sur-maquillée, l'autre taré, vulgaire et invivable. Nous avons là deux stéréotypes suprêmes de la belle famille de cassos' qu'on aurait envie de foutre au feu pour le bien du voisinage.
Cela peut être dérangeant au début, or tout repose sur cette mère et son enfant. Elle, n'en peut plus. Elle le prend par dépit mais l'aime. Lui, est un vrai connard qui l'insulte à tout va mais l'aime. Et c'est là que tout intéressant, entre ces répliques sans retenues, ces phrases trash qui font tellement rire avec ces fameux "tabarnak, niaiseux, mangeux d'marde ou autre bitch", on ne se lasse pas une seconde d'eux. Et on se prend de sympathie avec ce jeune survolté et cette douce femme dépassée.


On rit de leur situation mais pourtant celle-ci est bien éphémère et l'avenir semble chaotique. Impossible de vivre convenablement longtemps avec quelques économies. Steve doit étudier, Diane doit assurer les frais. Une certaine mélancolie s'installe rapidement dans ces moments de 'joie de vivre'. Bonheur amené notamment par une voisine au passé trouble, ancienne institutrice, qui sera le point d'équilibre et d'espoir entre ces deux grosses tâches.


Jamais sans mon fils


Antoine-Olivier Pilon est merveilleux dans son rôle de taré, qui est prêt à tout pour sa génitrice. Qui va essayer par n'importe quel moyen de lui montrer son affection, notamment avec ce collier représentatif, entre deux crises de nerfs. Et on se souvient tous de cette séquence, au karaoké, mise en scène d'une main de maître par ce Xavier Dolan, où on sera à la fois ébloui, ému, puis émerveillé jusqu'au moment fatidique qui nous transportera dans un tout autre état : La Haine.


Car oui, on a beau rire tout le long de toutes ses dents, le sourire jusqu'aux oreilles, il se trouve qu'entre les deux nous avons une joue. Paf, grosse claque. Car, nous avons beau ricaner bêtement, on s'esclaffe bêtement, comme par gène et ça se ressent dans nos yeux. Car toute ses situations saugrenus cachent toutes des moments de troubles, on rigole de la folie de Steve, mais c'est gênant car au fond de tout ceci, se cache une réelle mélancolie. Au fond de nous, nous ressentons une amertume évidente en présence de nos trois petites cloches.


Tant qu'il y a de l'amour y a de l'espoir


La mère me semble tout de même, le personnage le plus intriguant. Fermée au départ à l'idée de récupérer son fils, une question se pose vraiment : L'aime-t-elle vraiment ? Elle connaît les faiblesses de son fils, elle sait qu'il est ingérable et que ses fondations peuvent se briser d'un instant à l'autre. Elle a besoin constamment d'air et de se changer les idées malgré qu'elle s'ennuie jamais avec ce dernier. Depuis la mort de son père, le petit régresse, blesse et stress. Il délaisse ce qu'on lui a appris pour faire que de la merde, et nuire à cette société. Elle l'aime, ou se voile-t-elle la face en aimant celui qu'elle rêve de voir à sa place ? On apprendra bien assez tôt, qu'il n'y a pas de moments où une mère aime moins son fils. Elle ne peut se passer de lui au final. Lui, il l'aime, il n'y a pas de doute.


Puis cette bande son. Chansons choisies judicieusement, dont on ne pourra s'empêcher de chanter à tue tête dans sa tête ! On va se tordre de rire devant ce spectacle sur fond de Céline Dion. On sera émue lors de sa prestation italienne au karaoké sur Vivo Per Lei, dont la scène va, j'insiste, devenir culte. Puis on va marmonner sur Wonderwall de Oasis. Et on peut dire que 'Oasis is good'. " I'm blue, da ba dee, da boo da ♫" rien qu'à cette lecture, vous avez sans doutes chanter. Puis ce générique bercé par 'Born to Die', qui veut à la fois tout et rien dire, cela fait penser que Steven n'est pas 'né pour mourir' avant tout, mais né pour Die, Diana, dont la présence de son fils semble être devenu indispensable à son épanouissement. Magique.
Le petit cinéaste n'est pas allé chercher très loin ses musiques, c'est simple mais efficace à donf tabernak !


Oh et puis, il n'y a pas le karaoké qu'est parfait. Il y a la prestation sur l'icône internationale qu'est tordante. La querelle poignante après le don du collier. La surprise de Kyle et Steve suivi du selfie. Tout est parfait en fait, jusqu'à l'acte terrible de Die. Encore, l'appel maternel de notre protagoniste qui émeut aux larmes. Puis enfin, l'ultime course de Steve avant le générique.


Partagé entre drame et comédie, malgré son jeune âge, le jeune prodige du cinéma québécois maîtrise son film de façon hallucinante, tellement que la moindre image est d'une beauté raffinée, souvent des gros plans magnifiés par des musiques qui collent toujours à l'ambiance. On rit, on prend des claques, nos yeux s'humidifient, on est anéanti, on se reconstruit. Ainsi va la vie. Mommy est bandant et très bien ficelé, en bref, c'est un chef d'oeuvre entregent vraiment trop bien de ouf... Attendez, c'est dans le dico' ça ?

Alex-La-Biche
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le 30 sept. 2014

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le 10 oct. 2014

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Alex La Biche

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