Forgive me, Majesty. I am a vulgar man! But I assure you, my music is not.

Adaptation de la pièce de Peter Schaffer par Milos Forman, Amadeus n'est ni plus ni moins qu'une fresque grandiose de 3h (dans la version director's cut) dotée d'une beauté et d'une puissance dramatique époustouflantes. Tant de choses se déroulent sous nos yeux ébahis qu'il est difficile d'en faire une synthèse.


Précisons tout d'abord, s'il est encore nécessaire, que ce film n'est pas une biographie de Mozart, de très nombreuses libertés étant déjà prises dans la pièce de théâtre de Schaffer. Bien que plusieurs éléments du film soient avérés (notamment le rire énervant de ce brave Wolfgang), il s'agit plutôt d'un immense hommage au génie musical et à son travail.
Si W.A. Mozart était un rappeur, on dirait qu'il a tué le game en son temps. Jamais un faux-pas, jamais une fausse note, il écrasait la concurrence au point de faire oublier ses contemporains, Salieri le premier qui n'était pourtant pas un amateur. Comme les nouveaux albums des rockstars aujourd'hui, ses nouvelles œuvres étaient attendues, et chaque fois il parvenait à impressionner audience et rivaux. Mais comme les rockstars, il était hédoniste et très sûr de lui, arrogant même. Extrêmement dépensier, il était constamment endetté et seul son talent musical extraordinaire lui permettait de maintenir son rythme de vie.
Face à lui se dresse Salieri, compositeur de la Cour d'Autriche. Fervent croyant et travailleur acharné, il est à la fois admiratif du talent sans borne du jeune homme et jaloux qu'une personne si immature puisse lui être supérieure musicalement parlant. Il s'acharnera à lui mettre des bâtons dans les roues, mais vivra avec le sentiment coupable d'avoir bridé un des plus grands compositeurs de l'Histoire.


Admirablement bien scénarisé, Amadeus conte cette rivalité avec brio. Rivalité à sens unique, puisque Mozart considère qu'il ne boxe pas dans la même catégorie que les autres. Les acteurs sont stupéfiants, et il n'est pas étonnant d'apprendre que Tom Hulce ET F. Murray Abraham étaient tous deux nommés pour l'Oscar du Meilleur Acteur, ce dernier obtenant la statuette.
Forman réalise un superbe hommage aux compositions du jeune autrichien et parviendrait à faire aimer l'opéra à un fan de Shy'm. La simple écoute de l'oeuvre de Mozart nous fait comprendre pourquoi il était le meilleur, sa musique étant encore d'une efficacité redoutable plusieurs siècles plus tard. Mozart était un jeune insolent, vulgaire et au rire idiot aux yeux de Salieri, mais il le voyait aussi comme un message de Dieu, comme si Dieu l'avait envoyé sur Terre pour lui montrer sa propre médiocrité. D'ailleurs c'est dans le titre: "Amadeus"... "aimé de Dieu" si je ne m'abuse ? Comme pour valider la théorie de Salieri...


Amadeus est clairement un film à voir. Que ce soit la musique, les décors, le jeu d'acteurs, le récit en lui-même, tout est digne d'intérêt et mérite qu'on se penche dessus au moins une fois.

Jake Elwood

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