Je suis tenté de mettre plus que "8" ne serait-ce que pour le jeu exceptionnel de F. Murray Abraham, incarnant un Salieri tantôt détestable, tantôt attachant. Ce personnage-narrateur m'a énormément plu. Son caractère froid, parfois enfantin, son regard tranchant d'homme respecté et de vieillard pris pour fou, son hybris, sa jalousie par la fascination, sa fragilité face à sa propre nature m'ont complètement bouleversé. Si ce n'était que pour lui, pour sa prestation, je serais tenté de mettre "10" sans m'attarder. Pourtant, ce n'est pas le seul moteur du film. Face à lui, il y a Mozart, joué par Tom Hulce et ce personnage-là, m'a semblé ô combien plus antipathique. Certes, Milos Forman met l'accent sur cette personnalité dont le caractère est trouble mais dont le génie est sûr. Je n'ai toutefois pas pu apprécier ses nuances, ses émotions, sa fragilité puisque face à lui, il y a un personnage autrement plus complexe, autrement plus beau, autrement plus fascinant. Le vrai génie dans ce long-métrage, pour moi, c'est la fascination qu'exerce Mozart et la fascination destructrice une fois qu'elle est transposée en jalousie chez Salieri. Oui, ce dernier m'a énormément touché, ce que son opposant n'a jamais réussi à faire.
J'ai basé ma critique sur la relation des deux hommes puisqu'elle me semble fondamentale. J'ai apprécié les autres enjeux du film mais c'est cette partie-là sur laquelle je me suis naturellement penché quand j'ai vu Amadeus. Bien sûr, je suis le premier à reconnaître que l'illustration scénique par la musique de Mozart fait du film une réussite. Mais, moi-même, j'ai été fasciné. Le seul objet de mon regard a été Salieri ; l'objet de ma fascination pendant les 3h, pendant les 3h où je n'ai pas décroché mes yeux une seule fois de mon écran.
Ce ne peut donc pas être moins de "8".