Le ciel, les oiseaux et la mère
Connu pour son cinéma à forte tendance sociale, Fernando León de Aranoa livre ici une œuvre simple mais poignante, portée par une jeune actrice au talent éblouissant.
Amador, c'est ce vieil homme délaissé par sa famille, passant ses journées seul, entre ses puzzles et le bruit de fond de la télévision. Pour subvenir aux besoins de son couple, Marcela accepte de s'en occuper pendant un mois, le temps que sa famille s'offre des vacances sur la côte. Une complicité naît entre ces laissés pour compte, mais un événement inattendu va forcer la jeune femme à choisir entre ses intérêts et sa conscience.
Une nouvelle fois, Fernando León de Aranoa prend pour cadre les écorchés espagnols, à travers le couple Nelson-Marcela. L'un vivote en récupérant puis en revendant des fleurs, l'autre doit l'assister, par amour ou par devoir, elle-même n'en est pas sûre. Elle aimerait quitter ce monde étriqué qui ne lui convient pas, mais ne peut s'y résoudre. La caméra de Aranoa la suit dans ses errances, dans ses réflexions, sans jamais juger ou prendre parti, exposant simplement cette femme comme les autre prisonnière dans la toile de ses dilemmes moraux. La sobriété de la mise en scène fait écho à la simplicité de cette femme seule, aux prises avec un double fardeau qui semble trop lourd pour elle.
Le scénario est simple, c'est ce qui fait sa force, un peu comme la philosophie de comptoir que nous sert Amador. On ne cherchera pas vraiment de la profondeur, après tout ce n'est pas de cela que Marcela a besoin, il lui faut juste une oreille compatissante pour écouter ses malheurs. Marcela, c'est Magaly Solier, lumineuse et pathétique à la fois dans un rôle peu bavard, et qui parvient à merveille à exprimer toute la palette des émotions traversant son personnage dans un seul regard éperdu. On aurait cependant apprécié quelques aspérités en plus, la fin laissant une étrange sensation de creux qui gâche un peu le plaisir ressenti durant les trois quarts du film.
Feel good movie à la sauce ibère, Amador séduit sans vraiment captiver, par la véracité et la sincérité de son personnage, même si il manque un peu de sel au récit pour vraiment faire prendre ladite sauce.