Amarcord: Je me souviens.

Fellini dans ce film se souvient et mêle ses souvenirs aux fantasmes typiques du cinéaste dans cette oeuvre baroque, bourrée de vie et de sensibilité. D'un hiver à un autre, on assiste à une véritable fresque sur une Italie campagnarde en proie à la montée du fascisme. Pour autant le film n'est pas exclusivement politique bien que ce contexte servant de toile de fond soit quand même bien mis en avant à l'écran. Mais Amarcord c'est d'abord l'exposition de tranches de vie. Celle-ci apparaît ici exubérante, Fellini nous livre un film coloré et libre mettant en scène un quotidien loufoque et véritablement exaltant. La structure narrative du film est particulière, à la frontière entre le film à sketchs et le film choral. On y suit particulièrement Titta, qui pourrait être Fellini, un adolescent fantasque rôdant dans les rues de ce petit village animé avec ses amis tout en fantasmant sur tout ce qui caractérise la gent féminine et notamment La "Gradisca", véritable pin-up des champs et objet de toutes les convoitises par tous les hommes du village. La première partie est la plus légère, avec énormément d'humour, de poésie et de tendresse. La galerie de personnages proposée est assez énorme, le symbole-même de l'exubérance. Toute la séquence à l'école est un sommet de comédie, tout comme la fameuse scène du dîner qui brille par la vision acide que dégage Fellini.

Par la suite le ton devient nettement plus sérieux avec la peinture du fascisme proposée par la cinéaste. Certaines scènes deviennent plus rudes, comme celle du clocher ou encore de l'interrogatoire. Progressivement, le film devient plus dur tout en conservant sa ligne de conduite initiale. Amarcord se révèle être une oeuvre vraiment dense et très profonde. Cette ode à la vie mêle divers sentiments dans un contexte froid et impitoyable. De plus techniquement le film est juste sublime. La photographie est un vrai régal, les couleurs sont tout simplement parfaites. Le tout est appuyé par une magnifique mise en scène typique de Fellini avec ses plan-séquences inspirés faisant la part belle à cette société baroque. Et puis Nino Rota nous gratifie une nouvelle fois d'une BO exceptionnelle. C'est un film que j'ai déjà envie de revoir tant celui-ci fut un véritable plaisir du début à la fin. Amarcord c'est ni plus ni moins que la vie, qu'une exposition de la vie avec toute la part de beauté qui la caractérise tout en ne dissimulant pas son impitoyable cruauté. Une oeuvre majeure du cinéaste italien qui comporte son lot de scènes mythiques.
Moorhuhn
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le 11 déc. 2012

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Moorhuhn

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