Le film de Ryan Koo ne va pas vous apprendre grand chose: le fric et le sport ne font pas toujours bon ménage. Rapidement les ambiguïtés de l’argent s’enroulent dans la beauté du sport, du geste parfait, de l’effort collectif. Amateur montre donc les dessous un peu sales du basket ball.
Le film se focalise sur le jeune Terron Forte, joueur de basket-ball d’à peine 14 ans, qui, suite à une détection, va intégrer un campus scolaire, mais surtout la team Liberty, équipe de lycéens pas franchement enthousiastes à l’idée de le voir débarquer. Son talent va finir par faire la différence sur et en dehors du terrain, mais cette ascension précoce va aussi lui donner l’occasion d’affiner sa vision au sujet de son sport et de son statut d’amateur.
Avant de pouvoir accéder au championnat universitaire puis à la NBA, des jeunes espoirs font leurs gammes et obtiennent ce statut. Un sujet qui n’est pas beaucoup traité dans le septième art, et pourtant, il est riche en termes d’enjeux. Des milliers de gamins s’embarquent dans cette aventure mais peu sont appelés pour y jouer les premiers rôles à l’avenir. Il faut aussi savoir conjuguer avec son entourage qui n’est pas forcément des plus sains, la célébrité faisant apparaître son lot de vautours.
Vince, le père de Terron, fait partie de ces gens-là. Très protecteur avec son fils, son comportement intrigue tout au long du film puisqu’il donne l’impression de vouloir avoir une totale emprise sur la carrière de sa progéniture sans prendre en considération les désirs de ce dernier. Il tente de l’orienter vers une carrière de marqueur plutôt que de meneur. Même constat pour son coach. Terron lui appartient mais également aux sponsors. Avec la signature de ce contrat, le jeune basketteur n’a plus son propre libre arbitre car ses choix sont guidés par son entraîneur, et son parcours de vie par les sponsors. Tout est une question d’image et d’argent.
Amateur met l’accent aussi sur les sacrifices auxquels doit consentir un athlète pour tenter une carrière dans son sport. Ici, le basket prend définitivement le pas sur les études du personnage et plus particulièrement sur l’enrichissement de son esprit : les basketteurs sont choyés pour réussir en cours sans le bagage intellectuel adéquat. En témoigne la scène où les basketteurs passent un examen en ligne avec des surveillants autorisés à leur donner des antisèches.
Avec peu de moyens, le réalisateur réussit à nous passionner avec son héros atypique, discret et totalement accroché à son téléphone portable. Les comédiens sont parfaits.
Avec sa perception connectée de l’existence, le gamin approche le système à sa manière et cela donne un film assez moderne, sympathique et qui parle assez justement de notre temps.