En Janvier 1972, Sydney Pollack filme durant deux soirs Aretha Franklin dans une petite église d'un quartier de Los Angeles afin d'immortaliser ce qui sera le plus grand succès gospel de la chanteuse ; Amazing Grace. Seulement, le manque d'expérience du réalisateur dans la captation d'un concert fait que les bandes vont êtres inutilisables, le son et l'image ne sont pas accordés. Le tout va être consigné dans un placard durant des décennies, jusqu'en 2007 exactement où Pollack demande à un producteur, Alan Elliott, de remédier à ce problème technique. A ces problèmes vont s'ajouter non seulement la disparition du réalisateur l'année suivante, mais aussi Aretha Franklin elle-même qui va vouloir s'opposer à toute diffusion de ce film pour une raison qui m'échappe. Et ce jusqu'au décès de la chanteuse, en 2018, où l'année suivante, Elliott va trouver un accord avec ses héritiers et ayants-droits afin que la captation de Amazing Grace soit enfin visible, et ce près d'un demi-siècle plus tard.
Je dois avouer que je ne suis pas un grand connaisseur de gospel ni d'Aretha Franklin, quoique je l'avais déjà apprécié quand elle chantait Think dans The Blues brothers. Mais de ce qu'on voit de ce concert très bien filmé, qui montre également les coulisses ainsi que des plans brefs mais saisissants sur un public qui semble transporté, c'est la ferveur communicative de Franklin. Elle se donne à 100 %, rien qu'à juger la sueur qui ruisselle son visage, mais elle chante clairement avec ses tripes, son coeur, sa foi même, et cela donne quelque chose de très fort. Y compris pour un néophyte du gospel, il y a quelque chose de l'ordre de la transcendance qui en ressort. Pour l'anecdote, on aperçoit lors d'un plan Mick Jagger et Charlie Watts assister de loin au concert, ce qui leur donnera certainement quelques idées...