Bien sûr, ce film n'est pas le chef d'oeuvre du siècle. Mais plutôt que de le juger sur ce qu'il n'est pas, jugeons-le sur ce qu'il est.
Visuellement, le film n'a rien de spéciale et si l'image du film n'est pas laide, la photographie est plutôt pauvre. La musique est assez oubliable. Du côté des acteurs, on peut signaler le travail remarquable sur le personnage de M. Bodin, interprété avec une justesse qui le rend attachant ; malgré cela de nombreux comédiens surjouent ; et pourtant cela ne gâche en rien le plaisir du visionnage dans la mesure où les situations font tellement vraies et vécues que ce détail est vite passé. Il faut dire que le réalisateur porte un soin méticuleux dans la construction de ces situations : le récit n'est une ossature, prétexte à les provoquer - et certains parmi les spectateurs ont pu d'ailleurs les connaître. Chacune de ces situations offre son lot de répliques bien senties et d'humeur (ou d'humour) campagnarde. En effet, c'est l'un des points forts du films : les dialogues sont ciselés comme le sont rarement les comédies françaises des 15 dernières années.
Certains considèrent que le film est cruel envers les gens qu'il met en scène ; mais même si les scénaristes se moquent bien des ruraux, ils opèrent une satire sociale bien plus large comme en témoigne les scènes qui se déroulent à la télévision, ou bien encore avec le promoteur. Ce qu'ils veulent nous dire est simple : certes, ces gens sont stupides et n'ont aucune honte à ce moquer d'eux-mêmes (en témoigne le DVD de Bienvenue chez les ch'tis qu'ils s'échangent), mais ils sont attachants si ont veux les connaître : et sur ce point je ne pense pas que la scène de clôture du film viendra me contredire.
En bref, un film qui m'aura fait beaucoup rire en dépit de quelques lacunes formelles. (6/10)