Difficile d'aller contre un film qui, pour une fois, insiste sur un pan pratiquement toujours omis de l'histoire de la Seconde Guerre Mondiale qui est le rôle de l'Église, son action ou plutôt son inaction, qui ont eu tant d'importance et qui ont discrédité l'Église chez nombres de ses fidèles, quand à la découverte des massacre de l' Holocauste on s'est aperçu la timidité avec laquelle avait réagi Pie XII à l'époque souverain pontife. Le film fait le choix d'axer son propos sur ce rapport ambigu, et le duo du SS repenti et du jésuite va servir de colonne vertébrale au récit. Un sujet plutôt difficile à traiter donc, tant les propos des ecclésiastiques de l'époque étaient contradictoires, le film rend bien compte de cela : l'Église condamne Hitler sans agir, et lorsqu'on leur proposent d'agir avec l'aide d'un SS, leurs idéaux préfèrent laisser mourir des millions de gens, plutôt que de traiter avec lui. Cette stupidité ressort dans une scène clé du film qui voit Ricardo porter l'étoile juive devant le Pape, le cardinal alors cri au Blasphème, implicitement on comprend bien l'intelligence de Costa Gavras qui ridiculise, et il a bien raison, l'Église qui cri au blasphème pour des symboles qu'ils ne défendent plus puisqu'ils laissent mourir des millions de déportés, là n'est-il pas le vrai blasphème ? Le film voudrait éclaircir ces zones d'ombres qui planent sur le Vatican mais il ne le fait qu'en évoquant des généralités historiques qui prétendent enlacer toute la période d'une manière bien trop transversale pour radicaliser et densifier le propos.


Costa Gavras veut bien faire à n'en pas douter pour offrir un film de référence, mais il échoue à heurter et à sensibiliser le spectateur ceci durant plus de 2h de film. Sans nier le fait que Amen soit courageux et important, on peut regretter, la difficulté qu'il a à clairement expliciter ses convictions, sa neutralité affichée fait défaut à un film qui laisse indifférent et qui n'est du coup que très peu marquant après coup. En effet on est jamais totalement attristé, ni mis en colère par le film, il ne nous bouleverse jamais et préfère toujours le côté informatif à un vrai sursaut engagé dans un violent pamphlet. Costa Gavras signe un film trop plat, qui partant dans l'idée d'en faire le symbole du devoir de mémoire, en devient incapable d'interpeller, d'être incisif et puissant, en outre il semble que rien n'est fait pour magnifier le propos, que ce soit par la musique, par des acteurs transcendés ou par une mise en scène inventive. Un film à voir pour la mémoire ( comme toujours ) mais qui, et c'est bien regrettable, n'a rien d'autre à offrir que cela, et 70 ans après les faits, c'est bien peu.
Heisenberg
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le 19 juil. 2011

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Heisenberg

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