Après cinq courts-métrages remarqués, le couple bruxellois Hélène Cattet et Bruno Forzani parvient en 2009 à réaliser son premier long, co-produit avec la France pour une sortie internationale. Choc cinématographique n'étant pas passé inaperçu auprès des aficionados du cinéma de genre, Amer est une lettre d'amour au giallo, le genre italien ayant fortement marqué les esprits des deux jeunes réalisateurs dont les cinq précédents courts baignaient déjà dans la référence évidente.
Œuvre aux confins de l'étrange plus proche du cinéma expérimental que du genre précité, Amer divise indubitablement : certains crieront au génie, d'autres à l'entourloupe. On aime ou on n'aime pas. Ça passe ou ça passe. Objectivement (et Dieu sait que c'est ici difficile), ce premier long-métrage référencé jusqu'à la moelle manque justement de substantifique, le scénario tenant sur un post-it étant prétexte aux performances du couple derrière la caméra qui s'essaient à divers effets de style sans aucun doute osés et provocateurs, esthétiquement irréprochables et proches du clip vidéo bariolé, mais nullement cristallin.
Comme un court-métrage élongé, les séquences semblent interminables, boursoufflées par des lenteurs dispensables et une quasi-absence de dialogues. Le film s'avère fatigant tant les réals semblent vouloir étaler leurs références à tire-larigot sans se soucier d'une quelconque cohérence au récit, préférant l'immersion sensorielle à une moindre limpidité. Ainsi, si vous aimez les expériences visuelles et sonores incongrues, l'érotisme soft, les gros plans omniprésents et les histoires difficilement cernables (pour peu que vous aimez les histoires), Amer est fait pour vous. Si vous pensiez voir un giallo français, il faudra repasser, ce premier film étant tout au plus un exercice de style louable (et il faut l'admettre en soi réussi) mais incroyablement éreintant.