American Girl : comment desservir sa cause au nom du sensationnalisme

American girl n'est pas un mauvais film dans l'absolu : il est rythmé et bien joué cependant le film part dans tous les sens.

Si le spectateur est d'abord accroché par le traitement de deux thèmes très lourds rarement abordés sous l'angle de la fiction (le viol et les tuerie de masse dans un lycée); on s'apperçoit vite du manque de cohérence du film. En voulant absoluement traiter de ces deux sujets au sein du même film on se retrouve avec un lien plus que tiré par les cheveux entre les deux thèmes. Rien n'est exploité jusqu'au bout : si la peur d'Ani FaNelli de parler de son viol est représentée, les effets de cet événement sur sa vie intime actuelle ne sont que brievement abordés. Il apparait également que cette dernière sous d'une sorte de stress post traumatique lié à la fusillade (une réaction de peur aux bruits qui l'entoure; des pensées intrusives de violence envers ses proches) cependant ceci et plus largement les répercussions d'un tel traumatisme ne sont jamais réellement abordés. Le fait même qu'Ani ai du tuer son ami Arthur, qui était alors son seul confident, n'est pas traité.

On voit bien avec le dénouement que le film veut bien faire en portant un message de libération de la parole des victimes de viol cependant ça s'arrête là, comme si en parler avait résolu tous les problèmes d'Ani. Le film s'arrête après les révélations de cette dernière alors qu'il aurait été bien plus intéressant de voir comment se reconstruire après une telle épreuve.

C'est pareil pour ses relations avec ses proches, elles ne sont traitées que très superficiellement : sa relation toxique avec sa mère n'est qu'évoquée; le traitement à la gone girl de son couple également semble très superflu. Ani cache sa personnalité mais semble entourée de gens qui ne la soutiennent absoluement pas. Je comprends bien qu'il s'agit là de montrer la difficulté à parler d'une aggression sexuelle et de la pression que peuvent ressentir les victimes face à leur famille cependant les seules relations saines d'Ani, avec sa patronne et sa meilleure amie, semblent vraiment passer au second plan, voir n'être là que pour servir les clichés habituels de la meilleure amie au soutient indéfectible et de la mentor très girl boss.

Un autre thème jamais vraiment traité en profondeur : Ani ne se sent pas à sa place dans son entourage. Elle est obsédée par sa réussite sociale. Le parralèlle entre son entourage actuel et son lycée privé est assez grossier mais amène la vraie question des transfuges de classes, autrement dit le changement soudain de classe sociale créant une inadéquation entre sa culture et son niveau de richesse. Ani ne se sent pas à sa place mais le film semble estimer qu'en la faisant rompre ses fiançailles et changer de travail cette obsession d'ascension sociale va disparaître d'elle même.

Pareil, le film ne trouve pas d'équilibre entre la compassion pour Ani face à l'événement horrible qu'elle a subit et l'horreur de la fusillade. Finalement, la fusillade passe un peu pour un prétexte pour garder le spectateur en haleine et ainsi dérouler la vraie histoire dans un sorte de fourre tout tiré par les cheveux et sauvé uniquement par le talent d'actrice de Mila Kunis.

En résumé : un film qui se veut profond mais qui s'avère trop ambitieux et manque son but