American Hero par limma

Nick Love donne le ton avec son affiche. Une comédie déjantée. Pas tout à fait. Le titre aussi est évocateur AMERICAN HERO pour cette Amérique de gagnants et de patriotes, et là encore, bien mise à mal par notre «héros» déphasé.
Melvin passe son temps à ne pas faire grand-chose. Sans travail, il ne verra pas son fils non plus. La motivation devrait pourtant être là mais il ne lutte pas franchement, se laisse aller, les deux pieds dans le même sabot, jouant de la politique de l’autruche.
Doté pourtant de «supers pouvoirs», venus dont on ne sait d’où, il ne les utilise que rarement et pas souvent à bon escient. Il passe son temps à errer dans les méandres de son cerveau embrumé d’alcool. Melvin fonctionne à reculons, jusqu’à prendre conscience de devoir se remuer et oeuvrer pour sa communauté aidé de phrases bien senties de son ami Lucille. Enfin, Il décidera de laisser la flemmardise de côté pour contrecarrer le crime, lui qui jusqu’à présent et grâce à son don, détroussait les détrousseurs sans pousser plus loin. Pour un temps...
Caméra à l’épaule, le metteur en scène se dote d’une équipe et fait dans le faux-documentaire. Il suit Melvin au fil de ses pensées, délires et autres vengeances parfois périlleuses. Les habitants qui l’ont connu sont mis à contribution par des interviews, permettant au métrage de nous ballader avec un certain réalisme. On le regarde s’entraîner à sa future vendetta, et on prend plaisir à le voir utiliser son don de télékinésie, arrêtant les balles et les couteaux. et autres lévitations d’objets, pour finir par balançer les voitures un peu partout et aussi et surtout, sur la bande de dealers, objet de l’agacement de Melvin.
Tout comme les points essentiels de l’envers du décor ne seront pas vraiment évoqués (guerre et handicap, drogue et violence, pauvreté, politique et crise économique de cette Nouvelle Orléans dévastée)...quelques effets numériques et plans de caméra regarderont ailleurs ! Et confèrent au métrage un côté raté tout autant que plaisant, une narration lente, redondante, manquant de rythme...tout à l’image de Melvin...L’ensemble donne donc un sentiment d’inachevé avec un final expédié et encore une fois, tout comme le propre de ses documentaires qui une fois fini, l’avenir des personnages nous sera totalement inconnu, on ne saura pas ce que deviendra Melvin.
Notre vie ou celles des uns et des autres n’est pas toujours intéressante et les documentaires que l’on nous sert non plus. Melvin est le miroir d’un certain nombre, faible, agaçant, déprimant pouvant se révéler intelligent et attachant et manquant lamentablement sa vie...ne nous intéressant que partiellement. Le metteur en scène en profitera pour faire un état de lieux de cette Amérique des laissés pour compte, de ces rues désertées par l’Ouragan, laissant la population se demener à sa propre survie.
Pas de leçon de morale sur les travers de notre héros, point de racisme ordinaire non plus, Melvin tout blanc qu’il est, est un cas social, et ses amis s’en sortent bien mieux que lui. Melvin est un faible et un bien mauvais américain…
A voir avec plaisir, ne serait-ce que pour Stephane Dorff souvent juste et peu présent au cinéma, un budget mini, un parti-pris minimaliste...Et pour un pied de nez au blockbuster du genre avec ses effets spéciaux réussis, mais peu démonstratifs.