Le chef d'oeuvre

Je vais tenter d'être à la hauteur de ce film, pour moi le meilleur de tous les temps. Je sais que je ne serai pas à la hauteur, mais je vais quand même tout faire pour essayer. American History X, c'est avant tout l'une des histoires les plus bouleversantes du cinéma. Les plans dans le passé sont faits pour nous faire mal, pour nous faire nous sentir mal. Dans d'autres films, les flash backs ont pour but principal de mieux expliquer au spectateur l'histoire des personnages. Là, la cruauté de ces scènes veut provoquer quelque chose chez nous. Les répliques et actes sont tellement crus qu'on ne peut que se sentir mal à l'aise, qu'en vouloir à Derek. Pourtant, les scènes dans le présent servent elles de fil narratif, mais, à l'inverse des flash backs, n'ont rien d'essentiel. C'est probablement là la force de ce film. On peut se dire durant tout le film que cette période est pratiquement choisie au hasard, qu'une seule raison a décidé Tony Kaye à en faire l'époque principale de son oeuvre. Pourtant, chaque événement qui s'y déroule est plus important que le précédent. Au fil des scènes, on monte en intensité, pour atteindre un niveau hors du commun. Le spectateur passe, et c'est totalement calculé, par toutes les émotions. Il doit frémir, il doit sourire, il doit crier, il doit pleurer. Tout ça pour n'être plus rien quand la fin du film approche. On devient un être fragile. Même plus que fragile, friable. Et c'est là que Tony Kaye assène le coup fatal. Sa dernière estocade est sans doute la plus cruelle, et la mieux placée. Quand on croit que tout est terminé, on comprend que le film n'est qu'un début à une très longue histoire qui ne sera jamais narrée. Là, on explose. Impossible de tenir, tous les sentiments sortent d'un seul coup. Et le film se termine, le générique se lance, et on est là, au bord des larmes au mieux, ou empreint de gros sanglots qu'on ne peut plus arrêter, plus généralement. Cet arrache-cœur sans égal n'a pas fini de briser des âmes. On en termine torturé à un tel point qu'on ne parvient plus réellement à savoir qu'il s'agissait d'un film.