On m'avait vendu ce film comme la bombe de 2011. Un chef d'oeuvre. C'est en ces termes qu'on m'avait présenté ce film, et c'est ce qu'on m'a soutenu par la suite. Pour être honnête, ça m'avait plutôt fait reculer. J'avais peur de tomber sur un de ces films qui, vus par beaucoup comme excellents, me décevaient par rapport aux attentes. Pour cette raison, j'ai attendu plus d'un an avant de le regarder. Puis je me suis lancé, sous la contrainte.
Eh bien j'ai été con. Tout simplement con de refuser de voir ce film de peur d'être déçu. Ce qu'on m'avait promis, je l'ai eu face à moi. 95 minutes, c'est peu. Mais c'est le temps qu'il faut pour savourer un tel film. Dès la première scène, je me suis retrouvé plaqué par la mise en scène et la qualité de la photographie. Après la première séquence, la poursuite, je m'attendais à un film plutôt ordinaire mettant en place une opposition flics/criminels. Une histoire comme on en a vu beaucoup. Pourtant, j'avais adoré cette première séquence, malgré une incohérence peut-être désirée sur laquelle j'ai tiqué: Celtics vs Clippers en premier tour des Playoffs, impossible. Mais, de ce que j'imaginais du film, de ce que je pensais être inévitable, rien n'a eu lieu.
On part ensuite sur une histoire de romance mêlée à une préparation pour des courses. On apprend également que le personnage principal est cascadeur et garagiste. Il réalise de très nombreuses choses, sans jamais quitter le secteur de l'automobile. Finalement, même si j'avais vraiment aimé le début, je ne pouvais pas être déçu de ce changement de voie. L'idée des dix premières minutes ne fait pas un film.
Déçu, je l'étais encore moins après cette deuxième séquence. Elle prend fin, dans ma vision des choses, lors de la sortie de taule du mari de Carey Mulligan. L'histoire de romance se complique alors et le début des courses est imminent. On vit alors une sorte de mélange de toutes ces histoires. On a droit à la suite de la vie de la famille de Carey Mulligan, mais aussi à la continuité des casses et, on le pense un moment, au début des courses de stock-cars. Surtout, cette partie qui court jusqu'à la fin du film est marquée par une grande histoire de vengeance. Et la vengeance, j'aime ça ! Cette dernière séquence, en intensité, est même largement supérieure aux deux premières.
Le rendu est superbe. La poursuite principale, à la moitié du film, est magnifiquement filmée. Le scénario dans sa globalité est également une réussite. Certains personnages sont très intéressants, et je dois dire que ça fait du bien de voir de belles voitures bien conduites (ce n'est pas dans Fast and Furious qu'on aurait pu avoir le droit à ça). Franchement, ce film est un vrai régal, comme on en fait peu, et de moins en moins.
Pourtant, je trouve quelques petites choses à redire sur ce film, qui peuvent expliquer que la note ne soit pas plus haute. L'histoire d'amour contrariée entre Carey Mulligan et Ryan Gosling me semble fortement inspirée de "She's so lovely", ou du film qui aurait inspiré cette dernière oeuvre. Le personnage de Standard, mari qui sort de prison, est assez tiré par les cheveux (qu'il n'a pas). Il fête sa deuxième chance et est le premier à le rappeler, mais fait tout pour la gâcher par la suite. Quant au personnage principal, dont -je crois - on ne connaît jamais le nom, son attitude m'énerve. Il semble par moments aussi hors du cours des choses que le personnage de "L'Etranger", de Camus. Pourtant, quelques secondes après, il semble être plus impliqué que quiconque. Le je-m’en-foutiste concerné est comme le taulard repenti mais pas trop: Un peu trop gros pour être vrai. Soit Ryan Gosling ne joue pas aussi bien qu'on peut le croire, soit le doublage français est mauvais, ou soit le scénario est tout simplement trop faible de ce côté-là. Pour finir, la fin me laisse quand même vraiment sur ma faim. Encore une fois, je juge l'attitude de Ryan Gosling légèrement irrationnelle. Ces quelques (importants, du moins pour moi) défauts expliquent cette note de 8, et non de 9.
PS: PUIS BORDEL, IL MANQUE LE 1 SUR LE NUMERO DE L'APPART D'IRENE ET BENICIO ! QUI, ICI, OSERA DIRE QU'IL L'AVAIT REMARQUE ???
PS2: Plus calme cette fois, je remarque tout de même que Nicolas Winding Refn ne s'est pas du tout calmé depuis les Pusher.