Ci-gît un bon slasher/whodunit de 1991 réalisé par "Potsie" de la série Happy Days * (le brun pré-clone de Matthew Broderick) mais dont la fraîcheur reste quasi intacte en 2024.
D'abord parce que malgré un démarrage quelque peu foutraque, All American Murder (titre original Vs les 3 titres français au choix Meurtre à l'Américaine / American murder / Présumé coupable) présente un traitement audacieux des intrigues et exécutions en série (certes éphémères -comme les scènes de coïts sauvages- mais soigneusement bien gores).
Ensuite parce que le rythme enlevé et l'humour noir du récit, malgré quelques scènes bavardes en paraphrases, nous intriguent jusqu'à la fin. Scénariste et réalisateur ont eu la bonne idée d'éviter une narration fastidieuse d'éliminations des faux coupables en donnant progressivement un coup d'accélérateur et les surprises en plein parcours ne manquent pas. Les puritains d'aujourd'hui et autres mormons pudibonds seront outrés par le verbe politiquement incorrect (du John Waters ou docu Striptease version soft), les fans nostalgiques de Josie Bissett (à la cinégénie pas soft pour le coup et presque aussi hypnotique que Jacqueline avec un seul "t") se crameront eux la rétine. On pense parfois à Kiss Kiss bang bang du grand Shane Black en moins bien dialogué et mis en scène (Anson "Potsie" Williams compensant son manque de maîtrise des scènes d'action pure par un montage haletant et quelques effets chromatiques).
Sans compter un ton caustique constant à défaut d'être subtil, oscillant entre le campus movie et le polar glauque dont le travail d'équilibriste (humour/drame, 2nd/1er degré, galerie de personnages troubles ou/et haut en couleur) rappelle aussi le 1er Scream de Craven... 5 ans avant l'heure. Et coïncidence du réalisateur ex Happy days aux manettes, son ami Fonzie/ Irwin Winkler produira et jouera dans l’œuvre séminale du méta-slasher.
Petite cerise sur le gâteau de promo, All American Murder a souvent une direction artistique presque aussi superbe que la petite amie idéale/ beauté virginale précitée (moins consensuelle mais plus sensuelle que dans le sérial navet Melrose place). Un beau parti bien exploité intégrant un sacré casting de gueules en roue libre : Christopher Walken cachetonne au 1er plan, l'élégante Joanna Cassidy émeut par son incandescence touchante et surtout le jeune héros campé par Charlie Schlatter (Bradley Cooper du pauvre aussi avant l'heure) (d)étonne. Loin des nerds loosers ou quaterback troubles, le jeune infortuné incarne tout en décontraction un ex-pyromane reptilophyle et contemplatif peu vu à l'écran. Un Candide post-voltairien sans filtre et sans complexes, parrainé ou poursuivi par le grand Walken.
Et le pitch ? Les infidèles lecteurs le savent déjà, j'ai pour humble et empathique politique de ne pas déflorer l'effet de surprise des petites pépites dénichées ou excavées (sauf erreur, vous lisez la seule critique française existante du film à ce jour). Peut-on simplement évoquer que le singulier All american murder suit un (mal)heureux incompris courir après son innocence.
*Une seule diffusion sur Hollywood night jadis sur TF1 mais le voir dans son format et qualité d'origine rend hommage à sa facture plus soignée qu'un DTV de Fred Olen ray.