American Nightmare par pierreAfeu

Quand on n'a pas les capacités de faire fructifier une bonne idée, sans doute faut-il la céder à d'autres. Tel aurait dû être le raisonnement de James DeMonaco, piètre scénariste et réalisateur fadasse, qui s'avère incapable de faire de son film autre chose qu'un thriller téléfilmesque aussi attendu que banal.

Et pourtant, il y avait là matière à un film d'anticipation solide et passionnant, à la manière de La zona, propriété privée par exemple. Cette idée de purge annuelle mise en place par les nouveaux pères de la nation, eux-mêmes au pouvoir après une crise sans précédent, place les États-Unis face à eux-mêmes. Pays de liberté et pays de violence, monstre à deux têtes devant faire avec, la nation américaine trouve là le moyen de faire coexister, le temps d'une nuit, toutes ses contradictions.

Mais American nightmare, après un prologue prometteur, montre très rapidement ses limites. Le sujet de départ ne sert qu'à amener une intrigue sans relief, récit sans surprise d'une famille assaillie par de stupides ennemis. Aucune subtilité, aucun point de vue social, à peine l'esquisse de la caricature d'une vague prise de conscience, aussi stérile que niaise.

Les héros ne sont pas sympathiques, planqués comme des cons dans leur immonde villa, elle-même ceinturée d'autres bâtisses rivalisant de laideur, toutes parquées dans un quartier clos, surprotégé, refuge de nantis tous aussi infectes et antipathiques les uns que les autres. Voilà pour le décor. Pour le reste, surfant sur des prétextes vaseux et des effets de surprise qui n'en sont pas, le film avance paresseusement, nous offrant finalement une seule bonne scène, en toute fin, scène dont l'édifiante absurdité nous rappelle combien DeMonaco est passé à côté de son sujet.

Ethan Hawke est à peine convaincant, les autres comédiens sont très moyens. On oubliera vite.