"Albert DeMonaco Nightmare"
Ma dernière séance dans les salles obscures s'étant mal déroulée (cf. ma critique d' "Elyseum"), je songeais à me réconcilier avec le Septième Art par le biais d'un petit film honorable... Il me semblait que "The Purge" - traduction: "American Nightmare", gimmick commercial gaulois visant à opérer une association (malvenue) avec le cinéma d'horreur - avait le potentiel d'une histoire originale et, avec les honorables Ethan Hawke et Lena Headey en têtes d'affiche, d'un bon long-métrage...
Malheureusement, comble de l'infortune, je me trompais... Non, me fourvoyais totalement.
Ce ne fut pas une déception.
Ce fut un cauchemar, celui d'être enfermé au cinéma UGC de La Défense sans copine à pourlécher et sans potes avec lesquels dauber en chuchotant...
Oyez l'histoire (pitoyable) de James DeMonaco, frère caché d'Albert et de Stéphanie, si abruti que son princier géniteur décida de le cacher à la face du Monde de peur d'inaugurer un âge de Ténèbres. Comble de l'infortune, le Malin étant le véritable Régent de ce Monde, il parvînt à contourner les dissimulations de feu le veuf de Grace Kelly et déchaîna sur l'Humanité impuissante le Dévoreur d'Univers, j'ai nommé James DeMonac' (himself), scénariste et producteur de chefs-d'oeuvre comme (........................), ainsi que (......................) ou encore (......................), pour finir avec l'extraordinaire "Assaut sur le Central 13", puissant nanar à l'affiche duquel on trouvait (déjà!) Ethan Hawke. Il était écrit qu'il devait réaliser un FILM, le plus spectaculaire et inédit de l'Histoire de cette galaxie...
Bienvenue en 2022. L'Amérique est une "nation reborn" par le truchement des Nouveaux Pères Fondateurs, l'économie est florissante et les problèmes de la crise semblent bien révolus. Petite citation de feu Gary Coleman - Arnold de la série "Diff'rent Strokes" (accent africain-américain prononcé): "mais qu'est-ce que tu me racontes là?".
Oui, le plot de départ est bien vaseux, n'en déplaise à ceux qui voyaient dans l'histoire quelque chose d'original: en trucidant les S.D.F. et les pôvres durant la Nuit de la Purge, l'on garantit la prospérité d'un pays (!!!). Il n'y avaient pas pensé à Wall Street, se contentant d'inonder le Monde avec des subprimes à destination des... pauvres susmentionnés.
Bienvenue dans une famille géniale, une famille de W.A.S.P.s américains habitant une suburb type Greenwich, CT ou Stamford, CT avec une grosse baraque bien voyante et une Mercedes flambant neuve (ou B.M.W., j'ai oublié). Le père, incarné par Ethan Hawke, a le vent en poupe avec sa franchise de systèmes de sécurité, mais - sans le savoir - s'est attiré l'antipathie de ses desperate neighbors, de même que son épouse (housewife Lena Headey, à des années-lumières de ses rôles mémorables dans les Sarah Connor's Chronicles et Game of Thrones). Famille non dénuée de problèmes: le fiston est un petit génie moraliste qui se planque dans les murs de la mansion familiale et télécommande une poupée hideuse montée sur roues et dotée de micro-caméras de surveillance (qui luit dans le noir d'un oeil rouge menaçant - SARAH CONNOR?) qui ne comprend pas le but de la Purge. La fifille première de la classe est la proie d'un mec viril beaucoup plus âgé au grand dam du chef de famille...
Arrive la Nuit de la Purge, durant laquelle les services de secours sont inactifs et tout le monde devient pour 12 heures un meurtrier sanguinaire en puissance... Quel pitch d'enfer.
Bref, apparemment en sûreté, notre famille ricaine proprette s'apprête à assister au spectacle par écran interposé (tous les accès à la baraque condamnés par des rideaux d'acier méga-épais). Sauf que... Un clodo (black de préférence) vient à passer et appeler au secours, torturant la conscience morale du jeune fils de famille, qui ne trouve rien d'autre à faire que de le faire entrer. Parallèlement, le petit ami déçu a décidé de supprimer l'obstacle paternel à son désir de chatte bien fraîche...
Point de départ d'une heure de daube cosmique, d'élans de générosité morale alternant avec le maniement expert du fusil à pompe et de la hache. Franchement sans surprise, sans suspense, face à des clowns millionnaires affublés de masques Richard Nixon (que d'originalité...) qui réclament leur DROIT A LA PURGE.
Séquences de fight dans le noir, couteaux aiguisés et mitraille, pour un final minable avec des voisins accourus pour sauver le jour (pardon la nuit) en apparence, en fait décidés à honorer leur citoyenneté américaine en éliminant les nouveaux riches d'à côté.
Heureusement, le black qui s'était planqué dans la turne arrive juste à temps pour sauver la famille (enfin le père est mourant après un coup de poignard dans le buffet) - prouvant au passage qu'une bonne action (ne pas le livrer à ses meurtriers potentiels dans un émoi moral du personnage incarné par Lena Headey) est toujours récompensée.
Le nanar se termine sur les news du jour, annonçant une spectaculaire hausse boursière ainsi que la présence de milliers de cadavres dans les rues de (exemple) Los Angeles.
FIN.
Attendez, je rembobine. Non, aucune surprise. Aucun jeu d'acteur intéressant. Aucune scène d'action correcte. Un corporate murderer en costard genre "je réclame mon droit de purge en vertu de ma condition d'homo superior", acteur minable et pathétique s'il en fut. Des demoiselles sur des balançoires. Des voisins méchants et diaboliques mais assez cons pour attendre avant d'exécuter leurs victimes.
In fine, un nanar soporifique et fauché, avec un scénario vraiment miteux et grotesque, pseudo-réaliste. Une prétendue critique sociale larmoyante, en fait tellement imbibée d'irréalisme et de connerie qu'elle en devient risible. D'aucuns vantaient (vantent encore sans doute) l'originalité de ce scénar'. En fait il n'y en a aucune, sinon pour les crétins incultes et dépourvus des plus élémentaires notions socio-économiques.
1h30 à effacer de la mémoire comme dans Ghost in the Shell, si cela était possible.
La famille DeMonac' est décidément maudite, c'est pas possible.
Ah si, j'oubliais la glamour touch qui sauve le film du néant absolu: Adelaide Kane est craquante en jupe écossaise (courte) et chaussettes (longues). En costume de Wonder Woman aussi d'ailleurs (malheureusement non-vu dans le film).
Sinon une suite est programmée, financée par la Société des Bains de Mer.
Et devinez quoi... Le film tourne en boucle dans la salle du resto de Ducasse à Monaco...