Un peu décevant ce troisième volet.
Le premier était un home invasion sympathique. Le second un actioner efficace. Pour celui-ci, je n'ai pas trop compris. L'auteur garde un petit côté actioner, distille des idées intéressantes pour des films d'horreur grâce à de bonnes idées pour représenter la barbarie humaine mais surtout explore un côté politique qui jusque là n'était qu'une toile de fond (ajoutée à l'aspect social aussi dans le fond). Et comme cela était bien plus intéressant quand ce n'était pas plus exploité que ça. Comme cela a été dit dans le Bistro des Horreurs, les critiques de la société fonctionnent souvent mieux quand on ne s'y attaque pas trop frontalement, ça permet d'éviter des lourdeurs ou des maladresses. Choses, donc, que DeMonaco n'a pas su éviter, hélas.
Ainsi, l'intrigue contient quelques scènes d'action bien senties, mais toujours trop brèves. En revanche les dialogues sont très nombreux sans pour autant être particulièrement intéressant ; le plus triste, c'est tout ce qui touche à la politique, où on se retrouve dans quelque chose de finalement trop simple et de bien trop pris au sérieux pour ce que c'est. Le délire politico-religieux, il aurait fallu le pousser bien plus loin, dans l'état c'est bien trop sage et trop peu exploité. Ces défauts créent de grosses chutes de rythme au métrage. Il y a une autre intrigue liée à d'autres personnages ; sans doute aurait-il été plus sympa d'approfondir cet arc plutôt que de l'expédier vite fait à peine les éléments mis en place. Les personnages ne sont pas très nombreux et pourtant ils paraissent tous trop peu creusés. La raison, je pense, est qu'on adopte leur point de vue. Du coup, on ne peut pas les apprécier pleinement pour ce qu'ils sont (héros ou simples sidekicks), pire, quand l'un est mis en avant, c'est comme si es autres n'existaient plus trop hormis lors de quelques scènes où ils se confrontent les uns aux autres.
La mise en scène fonctionne. L'action n'est pas toujours lisible mais il en reste quelques images percutantes. De même que l'auteur a vraiment de bonnes idées pour mettre en avant l'horreur de cette nuit, grâce aux décors, grâce aux costumes, grâce à la direction d'acteur. Dommage que ces instants soient si brefs, si maigrement exploités. La manière de filmer est correcte, un peu déroutante : beaucoup de grand angle, la caméra suivant les personnages au plus près. Ces déformations participent de l'ambiance malsaine du film, c'est évident, mais c'est un peu utilisé n'importe comment (en fait, c'est utilisé constamment), ce qui dérange (dans le mauvais sens du terme) comme par exemple lorsque de simples personnages parlent posément ou qu'on veut nous montrer que la sénatrice est une bonne personne...
Les acteurs semblent au moins bien s'amuser sur ce film, surtout ceux et celles qui incarnent les barbares. En fait, celui qui a l'air de moins s'amuser, c'est celui qui rempile... c'est d'ailleurs comique de savoir que si le troisième volet n'est pas le prequel annoncé à l'origine, c'est uniquement parce que l'acteur a dit oui à son réalisateur. Ce choix n'aura tout de même pas empêché le scénariste de changer de point de vue (les riches dans le premier, les pauvres dans le second, les politiciens dans celui-ci).
Bref, le récit est moins bien ficelé que dans les deux précédents films, il était temps que l'auteur passe à autre chose. Le film reste divertissant malgré tout et offre quelques belles images qu'il serait bon d'exploiter dans divers films d'horreur.