American Pie est un film qui a marqué son époque, véritable classique dans le genre comédie et teen movie, il raconte l’histoire de quatre adolescents qui font le serment de perdre leur pucelage avant d’entrer à la fac.
Ce n’est pas que je n’apprécie pas ce film, mais j’avoue qu’il ne me fait pas mourir de rire non plus. Excepté quelques gags précis, comme la scène iconique de la tarte, ou les répliques inattendues, par exemple « la flûte dans la chatte », l’humour me paraît un peu trop élémentaire. Heureusement, le film est parfois un peu plus profond qu’il n’y parait, avec un certain regard incisif sur le choc des générations, le choc des époques aussi, l’émancipation et les découvertes sexuelles, ce qui me permet de ne pas trop m’ennuyer. Il y a aussi des relations qui évoluent de manière plus jolie que le reste en s’apparentant davantage au genre de la comédie romantique, et qui se distingue du miasme parodique ambiant.
Ce qui me gêne le plus avec ce film c’est son manque de discernement. On ne va pas se mentir, le spectacle bascule parfois dans l’horreur perverse, en faisant preuve d’une maladresse épouvantable pour ne pas dire une irresponsabilité totale. Que penser de la séquence de la jeune femme qui se dénude dans une chambre, filmée à son insu par une webcam qui retransmet en direct la vidéo sur internet à tous les contacts du lycée ? Le film ironise sans jamais sensibiliser sur les conséquences dramatiques qui frappent a posteriori cette jeune femme (qui est obligé de quitter son lycée), et laisse entendre au public qu’il s’agit tout simplement d’une bonne blague potache. Pas sûr que les personnes victimes de chantage au « nude » apprécient. Car en réalité, il s’agit d’un délit à caractère sexuel, hautement répréhensible par la loi, et que l’on pourrait aisément comparer à un viol. D’une certaine manière, le film contribue à renforcer les stéréotypes sexuels (pour ne pas parler de culture du viol, qui est un terme que je n’apprécie pas) en dédramatisant des situations exceptionnellement malsaines sous le couvert de l’humour. Heureusement, les jeunes savent faire la différence entre le cinéma et la réalité (contrairement à ce que certains intervenants sur BFM TV semblent croire), et je n’accuserais donc pas ce film de porter toute la responsabilité des dérives de la jeunesse et son rapport à la sexualité, mais je crois qu’il n’est ni constructif, ni satirique, et je ne comprends vraiment pas son intention, c’est ce qui me met vraiment mal à l’aise quand je le regarde et que j'arrive au bout sans véritablement comprendre la morale.
Pour cette raison en particulier, je ne m’amuse pas devant ce film. Je le trouve un peu borderline, pas franchement des plus intelligents, dans le fond comme dans la forme. Pour autant, certains passages me font rire. J’apprécie aussi le casting, excepté Seann William Scott, qui m’agace. L’ambiance est sympathique. Mais l’intention n’est pas claire, et pas franchement honorable.