Préambule, il faut dire que je suis très fan des films qui prolongent la vie d'un ou de plusieurs personnages durant plusieurs films et ce durant des années. Alors, sur le coup, je pense à la saga d'Antoine Doinel (films étalés sur 20 ans), Scream (le 4 marchait beaucoup sur la nostalgie, le 4 étant sorti 11 ans après le 3eme film), Rocky Balboa (et sa sublime conclusion)...et American Pie, dont ce quatrième film arrive 9 ans après son prédécesseur (et j'oublie les quatre dtv tous pourris sortis depuis).

Et puis American Pie me parle beaucoup, car c'est un film que j'ai vu à l'époque de sa sortie, victime consentante du buzz impressionnant au lycée, et j'ai l'âge de ses héros, dont je me sens presque visé, on va dire, donc pour ce quatrième opus, je pars avec un à-priori favorable.

J'ai eu ce que je m'attendais, à savoir un film qui permet de passer un bon moment, souvent drôle à force d'humour gras et bas de front, mais ça va plus loin que ça, car American Pie 4, de par son concept de teen-movie, a l'air de sortir d'outre-tombe ; depuis 2003 et l'envahissement (et son effondrement à force de films nuls) du genre, celui-ci a muté vers une forme plus radicale, plus scénarisé, je pense particulièrement aux productions/films de Judd Apatow qui ont su faire évoluer le genre, et souvent pour le meilleur.

Ici, point d'évolution, American pie 4 est comme un fossile du film d'ado de la fin des années 90-début 2000 qui refait surface, et c'est ce qui fait (en partie) son charme, car si la seule concession technologique est l'évocation de Facebook, l'histoire aurait pu se passer il y a près de 15 ans (d'ailleurs, l'un des personnages va tenter une ruse dont il ne se rend pas compte qu'elle n'est plus efficace maintenant qu'il existe le téléphone portable).

C'est aussi l'occasion de retrouver tous les personnages de la série, aussi bien le quintet de départ (seul Jason Biggs et Eddie Kaye Thomas sont inchangés, le reste du cast ayant pris un sacré coup de vieux) que les personnages secondaires (le père de Jim, Michelle, et les autres filles, qui ont bien plus "souffert" des affres du temps, je parle ici de chirurgie esthétique), et ça permet de faire un point sur leur vie après qu'on les ait quittés dans American Pie 3, et il faut dire que leur bilan n'est pas concluant, surtout Stiffler qui reste un éternel adolescent coincé dans les années 90.

Ensuite, la formule reste la même, avec ce mélange de gags sexuels (ou l'évolution de la censure en dix ans nous permet de voir un pénis, ce qui était auparavant impossible), voire scatos, de dialogues assez trashs (surtout de la part de Sean William Scott, qui est presque le héros de ce film car les meilleurs moments sont souvent ceux où il est présent), et ces fameux quiproquos improbables (dont un réveil après une soirée très agitée qui ne peut que faire penser à "Very Bad trip", car on ne sait pas ce qui s'est passé durant cette nuit, mais on en voit très bien les conséquences).
Et, signe du temps qui passe, il y a la confrontation entre la jeunesse actuelle, représentée avec force clichés comme par exemple des jeunes filles sublimes et toutes poitrines sémillantes, et petits cons que seraient devenus les garçons, dont les héros les regardent en disant que eux n'auraient pas fait ça à leur époque, alors que si ! D'ailleurs, le choc des générations entre les "jeunes" et les "vieux" vaut certainement les meilleurs gags du film.

A ce moment-là de la critique, on va se dire que ce film n'a pas de défauts ? Mais si je peux lui trouver plein de reproches (comme les acteurs pas très bons, une lumière très téléfilm ou des scènes inutiles comme LE grand moment de Oz), c'est un film qui, subjectivement, me parle, donc j'ai du mal à le trouver nul, car j'ai aujourd'hui l'âge des personnages principaux (mais n'est dans aucune de leurs situations), et voir leur évolution a quelque chose de touchant. Tous les souvenirs les plus marquants de la série sont aussi là (de la fameuse tarte à la scène de strip-tease de Jason Biggs dans le premier film, sans compter la flûte).
Ah oui, on a encore droit à de la musique rock de bas-étage, à l'instar des teen movies de l'époque, qui en étaient pollués.

Voilà, les situations sont parfois tellement improbables qu'on ne peut s'empêcher de rigoler un bon coup (Eugene Levy a enfin droit à plus de présence, ce qui lui permet d'avoir son lot de scènes mémorables), mais c'est un film qui fait un bien fou, avec un second plan nostalgique qui m'intéresse beaucoup. A dans 10 ans pour un futur ... American Daddies ?
Boubakar
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le 13 mai 2012

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Boubakar

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