Il était une fois, la musique américaine

Film hybride et musical, American Pop est l’un des plus réussis de la carrière de Ralph Bakshi, pionnier de l’animation pour adulte. L’histoire retrace la carrière dans la musique populaire de quatre générations d’une famille juive de musiciens émigrés aux États-Unis.

L’idée de base de la production est honorable. Le film repose sur un schéma efficace. Ludique et récréatif, le scénario nous entraîne d’époque en époque afin de retracer les grands mouvements musicaux américains. L’action nous fait assister à l’intégration et l’évolution d’une famille juive et de leurs descendants aux États-Unis. Chaque époque est agréable à découvrir, et chacune s'inscrit dans une ambiance précise. Les personnages évoluent différemment, et affirment tous des identités bien définies.

L’esthétique du film est hors normes. L’animation emploie la technique de la rotoscopie avec beaucoup d‘exigence. Les mouvements des véritables acteurs, calqués à la perfection, ne laissent aucune place à la créativité des animateurs, et à l'imagination du spectateur. Si on s’interroge sur l’utilité d'une telle animation dans ce genre de production (un film en live-action aurait tout aussi bien fait l’affaire), le résultat n’en demeure pas moins extrêmement abouti et satisfaisant, pour peu que l’on apprécie le rendu de cette technique.

L’intégration des véritables séquences de prises de vues réelles est faite avec parcimonie. Certains passages relèvent de l’animation expérimentale, avec des moments de purs délires musicaux et visuels, digne des clips les plus tendance de la fin des années 70 et du début des années 80.

Le rythme est efficace, le choix des chansons est très intéressant.

Le film baigne dans une confusion générale mal maîtrisée. L’ossature de l’histoire est imprécise, elle se déroule par phase, comme dans un film épisodique. On s'y perd parfois. Le résultat est peu harmonieux. Sur la forme, les personnages se ressemblent. Les émotions ont du mal à nous parvenir. On s’ennuie, surtout dans la première moitié du film.

On relève aussi quelques scènes de violences et de nudité qui s’inscrivent dans le contexte et dans l’ambiance de l’histoire et des événements racontés, mais qui dénotent par leur insistance et leur manque épouvantable de subtilité. Une habitude tenace du réalisateur, que l’on ne peut que regretter.

Si le film oublie parfois sa mission première qui est celle de divertir le spectateur, il se distingue tout de même par une forme très distinctive. Que l’on aime ou pas l’animation rotoscopé, on saura reconnaître ici une technique entièrement maîtrisée, crédible et logique, en dépit de sa froideur inhérente. American Pop se révèle être la production la plus mature, la plus intelligente et la plus aboutie de Ralph Bakshi.

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