Gris

Cela fait maintenant quelques films qu'Eastwood ne m'intéresse plus du tout et que je ne daigne même plus aller voir certains de ses films, American Sniper faisait exception, parce que la bande annonce était tendue comme un string. Sauf que le film n'est pas ça, il y a un ou deux moments dans le film où on ressent la tension du sniper, mais Eastwood ne l'inscrit pas dans une temporalité, il ne t'offre pas une séquence de vingt minutes (par exemple) de pure tension avec le type qui cherche sa cible au sniper, non là tout est efficace et quelque part assez cinégénique, contrairement au ton du film.

Je m'explique, le film a un certain traitement de la guerre (disons que c'est particulier), où l'on est pas dans l'apologie, ni véritablement dans la dénonciation, on est dans une zone grise, si certes on a le point de vue des soldats américains, avec quelques actes de bravoure, ils ne sont pas montrés comme si c'était Dieu qui descendait sur Terre pour aller buter des irakiens et sauver l'Amérique, mais Eastwood n'en fait pas trop dans l'autre sens non plus. Par contre, ce qu'il va montrer c'est les effets de la guerre sur le personnage de Cooper.

Disons que c'est intéressant dans un premier temps, mais que finalement ça ne tranche pas tellement d'un film comme démineur que je n'avais pas non plus adoré. Mais faut dire que s'il y a bien un genre qui ne m'intéresse pas, c'est le film de guerre, je sais pas si ce n'est pas "autre chose" ça ne me parle pas (par autre chose j'entends la ligne rouge, full metal jacket ou apocalypse now). Bon j'espère un jour pouvoir en adorer un qui est très bien fait, bien tendu comme il faut.

Mais là, à force le film devient sacrément répétitif et la dernière demi-heure est franchement longue, d'autant que c'est là où il va sortir de sa sobriété pour faire un petit effet de style, genre Peckinpah, comme une concession pour le public de redneck mourant d'envie d'aller se faire tuer en Irak pour leur drapeau (on ne les retient pas).

Du coup, si on excepte ce plan, ce n'est pas mal fait, au contraire, mais disons que ça me semble trop sage, trop gentil, sans pour autant tomber dans l'angélisme et finalement ça n'apporte rien de plus que ce que l'on sait déjà, la guerre c'est mal et ça peut flinguer le cerveau des gens qui la font. C'est dommage, car comme je le disais, j'aurai pu voir Cooper surveiller un convoi en temps réel avec cette sobriété dans la mise en scène, pendant tout le film.

Je suis déçu, pour une fois qu'Eastwood m'intéressait de nouveau, j'aurai aimé trouver ça plus radical, moins gris et peut-être plus court.