American Splendor par hekho
L'avantage quand on emprunte des DVD à la bibliothèque, c'est qu'on tombe sur des films qu'on n'aurait jamais acheté, ni loué et encore moins téléchargé en temps normal. J'ai du vaincre pas mal de résistances avant d'avoir mis celui-ci dans mon lecteur blue-ray flambant neuf. Le sujet pas très folichon, les acteurs pas très glamour et la couverture pas très avenante font qu'on a, à la base, pas très envie de le regarder.
Pourtant progressivement, je me suis laissé prendre au jeu. Ce n'est pas que le film ou que l'histoire soit génial. Il est surtout inhabituel. Il s'agit d'un joli bordel dans lequel des individus qui apparaissent dans leur propre rôle interagissent avec les acteurs censés les interpréter. Vous les retrouvez ensuite sous forme de personnages de bande dessinée et par moment, dans des images d'archives tirées de leur passages à la télévision Américaine.
Cela vous donne une idée de l'univers un peu dérangé du personnage principal, le scénariste de comics Harvey Pekar. Pekar a inauguré une nouvelle forme de comics en mettant en bulle sa propre vie. Jusque là rien de nouveau sauf que sa vie est tout sauf extraordinaire ou héroïque.
Archiviste dans un hôpital de Cleveland, il a tout du no-life jusqu'à ce qu'il rencontre le succès avec ses BD.
La scène qui décrit le mieux ce jeu de miroir sans fin est celle où Pekar et sa compagne se rendent au théâtre pour voir une adaptation de sa propre vie. Ils sont tous les deux dans la salle tandis la scène jouent le moment de leur rencontre et leur premier baiser sur le canape. Je n'ai pas pu m'empêcher d'imaginer le couple en train de visualiser le film. À ce moment précis, ils regardent des acteurs qui eux-mêmes regardent d'autres acteurs jouer à être eux. De quoi perdre le nord.
Alors un peu ravagé le Pekar ? Pas plus que nous. Si on réfléchit bien, la technologie nous permet aujourd'hui de nous mettre en scène via les blogs, les réseaux sociaux, les plateformes vidéos. Personne ne s'en prive.
Qui a dit que les gens ordinaires n'avaient rien d'exceptionnel ?