American Symphony
6.6
American Symphony

Documentaire de Matthew Heineman (2023)

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Le musicien (compositeur, chanteur, pianiste, véritable touche à tout) Jon Batiste et sa compagne Suleika Jaouad, atteinte d'un cancer avancé, nous laissent entrer dans leur intimité, dans leurs moments de joie mais aussi de pure tristesse, de peur face à la mort et la perte précoce de sa partenaire de vie... Oui, on a versé quelques grosses larmes brûlantes face à la détresse de cette jeune femme, confrontée à une vie fébrile, faite de soins intensifs et d'opérations lourdes, tout ce dispositif voué à lui faire gagner quelques années. Son compagnon, lui, plonge peu à peu dans une crise existentielle qu'il doit masquer derrière une musique pop ultra colorée, joyeuse, dynamique, et à peine le rideau baissé, l'euphorie passée, les démons l'attendent en coulisses. Ce documentaire ne saurait mieux l'exprimer que par ce plan

qui suit la remise du Prix des Grammy, remporté dans l'allégresse, montrant le jeune artiste affalé dans le sofa d'une salle annexe du Palais, avec tout le poids du monde sur ses épaules malgré l'ambiance festive de l'autre côté de la porte.

Clairement, le cœur de ce documentaire sur la résilience d'un couple, sur la volonté de se raccrocher au bonheur, nous fait relativiser, prendre beaucoup de recul sur nos vies. On aurait d'ailleurs tellement préféré que cela reste un court-métrage (la première heure basée sur la création musicale n'apporte pas grand-chose, on a l'impression d'avoir ouvert le menu "Bonus" d'un DVD), davantage centré sur la relation du couple que sur les shows, les fans, les médias, la popularité de ce bonhomme (on comprend bien qu'il fallait faire un portrait complet, et diversifier les émotions par un peu de légèreté, mais American Symphony en insère trop, au point de perdre de vue la partie prenante de son histoire). Ce beau documentaire intimiste nous fait quand même entrer chez un couple adorable à l'amour infaillible, nous fait sentir tout petit face aux moments douloureux, et nous a fait comprendre en quelques mots tout ce que le laborieux Soul, dont la BO est composée par Jon Batiste lui-même, essayait de dire sur la fragilité et la beauté de la vie, et la musique, évidemment. Un mari qui rase sa femme malade, récitant mélodiquement un verset avec tout l'amour et la peine du monde, un seul plan suffit à nous refaire pleurer.

Aude_L
6
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le 8 févr. 2024

Critique lue 45 fois

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