Chris et Aurore sont jeunes. Ils sont beaux. Ils s'aiment. Ils font l'amour.
Jusque là, tout va bien. Mais ça ne fait pas un film.
Le grain de sable qui vient perturber le conte de fées ? Chris tue.
Par plaisir ? Par besoin ? Pour satisfaire une pulsion en tout cas, il étrangle des jeunes prostitués masculins dans les bois.
Jean-Marc Barr et Pascal Arnold, réalisateurs complices depuis la trilogie Lovers / Too Much Flesh / Being Light hérités du dogme de Lars Von Trier, signent ici un film original et dérangeant. Interdit aux moins de seize ans.
Chris et Aurore font l'amour, disions nous. Ils le font, et on nous le montre ! Gros plans, corps nus, et même sexe en érection. Vous êtes choqués ? Cependant, le tour de force de Barr et Arnold c'est de ne jamais rentrer dans la vulgarité. Leur filmage est sensuel. Leur caméra se fait caresse.
Chris tue, donc. Mais pourquoi ? On apprend quelques bribes de son histoire personnelle, on tente d'esquisser un profil psychologique de ce tueur - façon Esprits Criminels - mais rien y fait. Chris reste un homme. Et c'est cette humanité qui reste, à la fin. On en vient presque à oublier que tuer c'est mal.
Une histoire plutôt bien écrite, et documentée. Un duo d'acteurs qu'on a envie de voir plus souvent : Pierre Perrier et Lizzie Brocheré. Une caméra épaule poignante, au plus près des corps. On passera sur les petits ratés. American Translation est un film d'auteurs français comme on les aime.