Découvrir Jesse Eisenberg avec un balai à franges sur le crâne a de quoi surprendre et surtout inquiéter. Les premières minutes d'American Ultra aussi. Heureusement, le grand rembobinage des événements donne au spectateur l'espoir de quelques bonnes scènes. Elles auront lieu, pour sûr. Certaines d'entre elles déboîtent même pas mal, dans un esprit qui veut se rapprocher de l'ambiance goguenarde d'un Kick-Ass ou de Kingsman : Services Secrets. Tiens, c'est pas un hasard si je cite Matthew Vaughn comme influence car Nima Nourizadeh court après son style comme un chien fou derrière les voitures qui roulent plein gaz sur une route de campagne.
Il est dès lors dommage que le film soit si loin des influences citées quand il est incapable d'impliquer le spectateur et de susciter en lui le moindre sentiment d'empathie. Tout cela dans un remâché besogneux pour la génération Biactol de la série Bourne, qui met en scène un agent dormant. Mais bien dormant, vu qu'il ne se souvient de pas grand chose et agit la plupart du temps en dépit du bon sens. On peut se dire que cela pourrait bien être rigolo. Mais encore une fois, de loin. Certains archétypes des personnages chassant Bourne sont repris en mode parodie, mais manque de bol, quelques rôles s'avèrent plus embarrassants qu'autre chose, comme celui de Topher Grace.
Et on trouve encore le moyen de charger la barque en nappant le film d'une histoire d'amour en laquelle on a du mal à croire, tant le couple Eisenberg / Stewart peine à faire naître une quelconque alchimie, pas même un semblant de vérité. Est ce parce l'ami Jesse est tout transparent et que Kristen, bah, elle fait du Kristen, cette fois-ci en legging ? Peut être.
American Ultra semble comme directement issu de la chaîne de production à blockbusters anonymes de n'importe quel grand studio. S'il n'est pas honteux et fait à peu près le job, il se regarde cependant de manière très lointaine, tant il ne recèle aucune surprise et que le spectateur ne se raccroche à aucune aspérité qui pourrait susciter un embryon d'enthousiasme qui lui ferait dire "tiens, c'est pour cela que je me souviendrais de ce film". Celui-ci a l'air de constamment hésiter sur le ton à adopter, entre fun, action qui défouraille et Bourne-like tendu. C'est à jurer que Nima Nourizadeh lance au vent tous ces ingrédients dans l'espoir que quelques uns donneraient peut être une identité au film.
Sauf que le réalisateur échoue à distinguer son American Ultra du tout venant du blockbuster de cette fin d'été 2015 au final assez morne et poussive en cette matière, malgré une réalisation honnête dans l'ensemble et une BO aux tendances rock pas trop mal vue.
Behind_the_Mask, qui doit aller chez le coiffeur, mais qui ne demandera pas l'adresse de celui de Jesse Eisenberg.