« C’est bizarre, le film ne ressemble pas à ce qui est présenté sur le boîtier... »
À quelques exceptions, l’intégralité de mes films critiqués a été vue sur support physique, de mon propre fonds de classiques et de bizarreries. En accordant ma confiance à des petits éditeurs, j'en ai vu passer des erreurs de jaquette, et ce sont généralement des coquilles amusantes et innocentes. Cette petite liste en répertorie quelques unes.
Mais proposer un film complètement différent de ce qui est annoncé, c'est une première dans la liste des bourdes que j’ai pu rencontrer. Les deux films ont des points communs. Ce sont tous deux des comédies qui datent de la même période et concernent les États-Unis. Mais c'est tout. Le coupable ? L'éditeur Lazer Films, déjà pointé du doigt pour son manque de sérieux, mais ici c'est un nouveau palier d'atteint, cette inversion de films.
A la place de Pentagone/Basic Training, qui s'annonçait vaguement bidasse et potache, j'ai eu droit à ce curieux film, The American Way. Je n'y ai probablement pas perdu au change. Le film de Maurice Philips nous présente une équipe de bras-cassés, anciens militaires, forts en gueule qui font avec peu de moyens une chaîne de télévision qu'ils diffusent illégalement depuis leur avion. Lassés de cette situation, ils voudraient quitter leur coucou, revenir sur terre, vivre normalement. Mais une nouvelle prétendante au trône de la Maison blanche les inquiète, militariste, xénophobe, populiste, c'est une Trump en jupons. Alors ils vont faire ce qu'ils savent faire, être le grain de sable de cette élection, s’en moquer publiquement tout en enquêtant sur elle. Ils vont devenir une cible ambulante pour l'Armée qui, évidemment, soutient cette candidate. Leurs jours sont comptés.
C'est donc une quête pour la vérité, menée par un équipage haut en couleurs, qui sent la bière et le rock. La bande-son propose d'ailleurs les Kinks, Jimi Hendrix, Joan Jet, Alice Cooper et d'autres. Il y a un air de Good Morning England, dans ces joyeux drilles en rébellion contre l'ordre établi, la télévision à la place de la radio, l'avion à la place du navire, bien que ce film tienne plus avec des bouts de ficelle.
On trouve tout de même Denis Hopper en capitaine, en tant que meilleur représentant du film. Mais c'est un film tourné avec trois fois rien, et dont l'essentiel de l'action se déroulera sur une scène de plateau foutraque sensée faire croire qu'il s'agit de l'intérieur d'un avion. De manière plus générale, The American Way a parfois du mal à garder sa crédibilité, que ce soit à cause de ses problèmes de budget ou de certains acteurs peu motivés. Difficile de faire croire à une attaque de missiles quand il manque le budget pour en montrer au moins la tête, alors on se contente du radar et de quelques effets.
Mais il a son petit truc, peut-être fragile, qui ne se révélera peut-être que dans les yeux de certains. Ce sont des journalistes-amateurs-gonzo dans leur coucou déglingué qui veulent faire fermer son clapet à une élue politique populiste et dangereuse. Une noble quête satirique, arrosée à la bière et au rock. Le film est foutraque et mal assuré, c’est à la fois son plus grand défaut mais aussi ce qui participe à son charme.