Il m'intriguait de savoir comment Damiano Damiani allait réaliser un film d'horreur.
Et j'ai été à la fois déçu et pas du tout déçu.
D. Damiani fait partie de ces réalisateurs qui n'existent plus vraiment, capables de faire des films prévus pour être du divertissement et remplir les salles, mais avec un vrai propos et un talent certain.
On a eu grâce à lui des films politiques qui semblent aujourd'hui ahurissants: des films faits pour le public du Samedi soir, qui dynamitaient toutes les figures de la société, du juge aux policiers en passant par l'Italien moyen, exposant tous les niveaux de corruption sans concession, films probalement absolument impossibles à faire aujourd'hui, et encore moins dans une démarche de cinéma populaire.
On retrouve dans ce film l'engagement de D. Damiani dans le fait de révéler les dessous peu reluisants, cette volonté de faire éclater à tout prix les apparences, engagement qui va malheureusement se heurter ici aux contraintes du genre.
Il y a pour moi deux films en un dans Amityville 2: un film réaliste/familial extrêmement marquant, et un film fantastique très moyen.
Les éléments fantastiques m'ont ainsi semblé très moyennement réalisés: les objets qui se mettent à bouger, les plans subjectifs d'esprits qui s'approchent: tous ces éléments malheureusement nombreux m'ont semblé avoir été ajouté par dessus pour remplir le cahier des charges, et sont pour moi très peu convaincants.
D. Damiani se révèle à l'opposé très convaincant dans l'horreur familiale du quotidien. Un jeune homme qui tient une porte, un malaise entre un frère et une soeur, une mère qui se questionne en regardant son fils et sa fille s'enlacer, un père qui force sa femme, une fête d'anniversaire avec un bonheur de facade... Au travers de tous ces instants qu'il saisit, D.Damiani instille brillament dès le début une angoisse et une épouvante bien plus réelle que les fantômes, celle d'une famille qui ne tourne plus rond, et ce bien aidé par des acteurs convaincants à commencer par Burt Young, terrifiant dans ce rôle de père borné à la violence ordinaire.
On se rend alors compte que le film aurait très bien pu fonctionner sans les éléments fantastiques, le scénario et les motivations des personnages fonctionnent sans, et les éléments horrifiques n'apparaissent vraiment que comme une couche rajoutée sur le propos réel du réalisateur.
On se rend compte que le film aurait dû ne faire que 40mn, mais qu'il aurait été alors sûrement insoutenable débarrassé de tous ces artifices.
Il est étrange de voir un réalisateur obligé d'utiliser du sang et des éléments censés effrayer pour édulcorer son propos et cacher la véritable horreur bien réelle d'une famille sous la coupe d'un homme violent.