Malaise et Malaisie aux studios de Joinville

Ai-je découvert un chef-d'oeuvre ou un mélo grotesque?

Nous sommes tout d'abord saisis par un incroyable plan séquence de quatre minutes (pour l'époque 1934) sur une surprenante et recherchée musique du compositeur russe Karol Rathaus. La caméra nous embarque à travers la jungle et un village malais plus vrai que nature (grâce aux décors de Lazare Meerson), On y a l'impression de visiter un musée colonial (voire colonialiste...) Les "indigènes" ( on disait les indigènes , à l'époque...) y sont magnifiques, nature poisseuse d'humidité et de dangers latents. Une intéressante séquence de théâtre malais (Mak Yong)

Y vit reclus un médecin en proie aux affres de l'isolement, de l'alcool et du jeu. Débarque une superbe auto immaculée et une belle dame à voilette recherchant la toute discrétion pour se faire avorter d'un jeune amant: suivront le scénario classique des diverses péripéties habituelles pour ce genre d'affaire: le retour du mari (ce toujours juste Jean Galland), la rupture avec l'amant (le jeune et fringant Jean Servais), le docteur amouraché, le serviteur fidèle inquiétant et mystérieux (Inkijinoff).

Le jeu exagéré et par trop démonstratif du grand acteur de théâtre, Jean Yonnel - de la Comédie Française- donne cette impression de mélo, qui rappelle le code de jeu du cinéma muet qu'il a pratiqué naguère. Même remarque pour le jeu ingrat de Marcelle Chantal.

Certaines séquences inoubliables sauvent ce film dont celle magnifique dans un cabaret miteux où on entend Frehel dans un air beuglant qui rappelle les chansons de Kurt Weill. Ambiance très bien rendue et apparitions superbes de très beaux visages et attitudes de figurants.

Je n'ai pas lu la nouvelle de Stefan Sweig mais l'adaptation qu'en a faite H.G Lenormand a funestement des relents de racisme et de colonialisme : "...enfin une vraie femme, une vraie, une blanche !..." dit le docteur. Rédhibitoire pour une bonne note.

amicric
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le 16 févr. 2023

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