Si le défi de Michael Haneke consistait à repousser les limites du sordide et du voyeurisme sinistre, force est de constater qu'il a atteint son but et touché sa cible en plein coeur.
Voici donc un film dont la lenteur confine au sadisme, dont la photographie et le cadre tiennent du canular pour étudiants à la Femis, ou d'une parodie critique sortie des cahiers du cinéma, au choix.
Prétentieux et cérébral ( ah si, quand un réalisateur me prend en otage avec deux douzaines de plans séquence à la Rivette, je trouve ça prétentieux j'y peux rien ), poétique comme une trousse de chirurgien, " Amour " défend néanmoins son sujet jusqu'au bout, c'est là sa force. Celle de ne faire aucune concession à la beauté, à l'empathie, à la musique, au montage, au cadrage, à la photographie, à rien.
Au bout de la vieillesse il y a souvent la mort, la maladie, la souffrance, la solitude, la tristesse.
Si vous ne le saviez pas, où si vous aviez l'intention de l'oublier un court moment en vous installant devant ce film, autant vous dire que c'est mal parti.
Je regrette amèrement d'avoir perdu deux heures de mon temps à me le voir rabâcher d'une manière si gratuitement cruelle.
" Amour " est certes une oeuvre d'art à sa manière, mais la tristesse de ce court billet provient du fait qu'elle ait été portée aux nues et encensée quand tant d'autres films se battent pour nous distraire, nous faire rêver, réfléchir ou rire, parfois tout à la fois.
Pendant qu'on s'offusque de l'audace de certains films d'épouvante, la démarche d'Haneke tient elle de la "pornographie morbide", reflet d'une société malade de son rapport à la vie autant qu'à la mort.
Pour la prochaine palme d'or, je prévois sans risque l'histoire vraie d'une agonie d'enfant leucémique, filmée sans trucage dans sa chambre d'hôpital au bord du périphérique.
Du voyeurisme avant toute chose