Hanneke est un pervers. Ca on le savait depuis un moment et notamment depuis l’excellent « Funny Games ». Si en apparence, il s’est assagit avec le temps, « caché » ou « le ruban blanc » étant des films plus académiques, il n’a rien perdu de son talent à déranger le spectateur et ce n’est que sur la forme que son cinéma s’est lissé, rendant le fond d’autant plus troublant.
Amour confirme cette orientation de plus en plus intéressante qu’il est en train de prendre. Huis-clos entre un couple d’octogénaires bourgeois parisiens dans un appartement du 16ème arrondissement dont l’épouse est en train de mourir, condamné e par une maladie dégénérative, l’intrigue parait banale et l’on se demande dès le début comment Hanneke va réussir à nous captiver durant les 2 longues heures que l’on s’apprête à passer. Le génie d’Hanenke réside dans le fait qu’il n’essaye justement pas de nous captiver. Il nous montre comment la vieillesse et la mort sont des choses longues et ennuyeuses. En sort un film pesant, cru, souvent glaçant, parfois terrifiant. La lente agonie d’une personne malade, l’assistanat dans lequel elle tombe inexorablement et les efforts qu’est obligé de faire son compagnon pour lui conserver un semblant de dignité sont des choses que l’on ne souhaiterait a priori pas voir. La perversité d’Hanneke réside dans le fait de nous les infliger sans romantisme, sans contours, brutes, telles quelles. Les quelques moments où son cinéma s’enveloppe d’une certaine légèreté, grâce à quelques notes de pianos disséminées par ci par là sont d’ailleurs volontairement stoppés net bien trop tôt par rapport à ce que l’on souhaiterait. Le générique de fin, sans musique, nous laissant ce sentiment d’avoir vu un film froid et vide, comme la mort.
Le film pourrait d’ailleurs se résumer par cette phrase de génie que prononce à un moment le personnage joué par jean-louis trintignant : « rien de tout cela ne mérite d’être montré ». Et voilà bien la perversité d’Hanneke.
Notre critique ne saurait être complète sans rendre hommage au formidable jeu d’acteur déployé par Emmanuelle Riva et Jean-Louis Trintignant. Ils auraient chacun mérité la palme des meilleurs acteurs, si le film n’avait été déjà auréolé de la récompense suprême à Cannes. Leurs interprétations respectives sont magistrales.