An Elephant Sitting Still est un sacré morceau de cinéma, non seulement pour sa lenteur et sa durée, mais surtout parce qu'il met du temps avant de se révéler. Disons qu'au cours du film j'ai tout d'abord été intrigué, puis un brin lassé, avant de finalement ressentir la portée du film.


Le film m'a semblé être un savant mélange du cinéma de Béla Tarr et d'un film comme Behemoth de Zhao Liang. Je veux dire qu'on retrouve formellement ces long travellings en plan séquence qui suivent des personnages, sauf que ces personnages déambulent dans une Chine qui va mal, dans une Chine où il ne semble y avoir aucun espoir, une Chine où les villes sales, grises, sont aussi fascinantes qu'elles sont absurdes.


Et franchement avant la fin du film que je trouve très belle, c'était plus les décors, l'architecture de cette ville, qui je ne m'abuse n'est jamais nommée, qui m'ont fasciné. Car si on suit plus ou moins quatre personnages dans ce récit choral, mais il y en a surtout un cinquième : cette ville... brumeuse, sale, inhospitalière... tout y pue la misère, la pauvreté et le désespoir...


Voir les personnages être enfermés dans cette ville tout en cherchant à tout prix le moyen d'en sortir est profondément désespérant... Même si une ville un peu plus loin, avec son éléphant qui reste assis toute la journée peut faire office de lueur d'espoir pour les personnages.


Mais ce désespoir a malgré tout sa part de beauté, la musique qui survient lors de ces travellings et qui fait naître un profonde mélancolie chez le spectateur. Franchement, j'aurais pu regarder un film de 4h juste avec ça... c'est absolument parfait et d'une grande puissance émotionnelle.
Le film est donc lancinant, désespéré, et je me demande comment ce genre de film peut sortir en Chine, pire comment il peut être produit étant donné le portrait très peu flatteur qui est dressé ici de l'Empire du Milieu.


Néanmoins je suis content d'avoir vu ça, parce qu'il est beau ce film, il arrive à raconter le désespoir d'un peuple (ou du moins d'une partie d'un peuple) à travers une histoire finalement assez universelle, celle de la pauvreté, de la désindustrialisation et c'est là que le film puise aussi sa puissance. Il est certes ancré dans un contexte chinois, mais il arrive surtout à parler à tous...


D'ailleurs le film est tellement sans espoir que rien ne survit, pas même un petit chien... Et c'est pour ça que je trouve la fin fabuleuse, dans un plan large, hors de la ville, on voit dans le dernier plan séquence du film, comment à partir de rien, le contact humain, qui s'était totalement perdu, peut renaître.


Et ça c'est beau.

Moizi
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le 8 janv. 2020

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Moizi

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