Si je dois retenir quelque chose d'Ana, mon amour, c'est peut-être cette capacité à saisir la complexité d'une relation sur une longue durée et la façon dont les gens peuvent évoluer de façons séparées.
Toma rencontre Ana à la fac et c'est le début d'une romance malgré leurs parents et les crises d'angoisse d'Ana. Chacun a son bagage, chacun a son passé et leur relation ne sera pas si simple. C'est ce que Toma raconte à son psychanalyste en séance, passant d'un sujet à l'autre en association d'idée.
C'est évidemment une des thématiques intéressante du film : la subjectivité de la narration via ce personnage auquel on s'identifie au début pour peu à peu s'en détacher car plus l'histoire progresse, plus l'identité du personnage se renforce. Ce mouvement est intéressant.
Ana, mon amour n'est paradoxalement pas vraiment une histoire d'amour une fois passé le premier quart, mais presque plus l'histoire de la violence des chocs entre deux personnages qui se rapprochent et s'éloignent, se font du mal, s'engueulent beaucoup.
De ce point de vu là, c'est un film complexe qui déroule de nombreuses thématiques sur le sujet : de la passion à la relation avec la morale roumaine oppressive, de la grossesse à la paternité, de la confiance au contrôle à la jalousie pathologique. En deux heures il offre un panorama de relation dysfonctionnelle avec des ellipses et des exagérations.
Car c'est un récit subjectif, avec des emphases et un aspect décousu. Le film tient un aspect parfois mumblecore : une pièce, des acteurs, une caméra à l'épaule et un dialogue pas toujours informatif ; il passe sous silence son sens du détail (ceux qui saute aux yeux ou aux oreilles dans la symbolique en arrière plan d'une scène) et son travail de costume et de maquillage. Les transitions entre les époques sont très visible via la calvitie et les visages, et témoigne d'un gros travail côté maquillage et costume.