Cela faisait trois ans que Don Bluth se prenait des tôlées à cause de films d'animation d'une pauvreté déconcertante. Aussi, lorsqu'il annonce mettre en scène pour son neuvième long-métrage la légende d'Anastasia, fille des Romanov qui aurait survécu au massacre de sa prestigieuse famille lors de la Révolution Russe de 1917, le monde de l'animation tremble. Serait-ce un retour enchanteur pour le réalisateur de Brisby et le Secret de NIMH ? Bingo ! Don Bluth et son comparse de toujours Gary Goldman font mouche et nous livrent une aventure envolée où action, humour et romance s'entrechoquent dans la plus grande tradition des dessins animés.
Bien entendu, tout reste très classique : entre les innombrables chansons (excellentes au demeurant), le méchant maléfique en bonne et due forme et son rigolo sidekick, Anastasia a tout du film de princesse façon Disney. Pourtant, c'est avec plaisir que l'on suit les aventures de cette princesse oubliée des siens qui va à l'encontre de ses origines avec l'aide de deux vagabonds malicieux, Dimitri et Vladimir, en route pour Paris afin de toucher la récompense pour avoir ramené la vraie héritière à la famille royale. Le scénario est donc dans le fond plus imaginatif qu'il n'en a l'air, la fausse princesse cherchant ses origines étant en réalité la vraie mais amnésique princesse du titre.
Nous retrouvons donc un Don Bluth en grande forme, débarrassé de la simplicité infantile de ses deux précédents films pour offrir à ses fans une véritable épopée drôle, enjouée et dramatique tout en proposant une animation des plus impressionnantes. Car outre les merveilleux décors et la fluidité professionnelle des mouvements, le réalisateur nous donne en cadeau quelques séquences visuellement époustouflantes à l'instar de l’échappée en train, du cauchemar d'Anastasia sur le bateau ou encore du combat final. Des passages virevoltants et maitrisés pour nos mirettes assoiffées d'émerveillement. En somme, Anastasia marque le retour en force d'un des plus grands réalisateur de dessins animés qui fut toute au long de son parcours trop souvent sous-estimé.