Andreï Roublev est un film exigeant. Une œuvre spirituelle où se mêlent l’artiste, Dieu et les hommes. Une fresque grandiose annoncée par ce prologue en ballon, qui commence bassement, vilement, pour se terminer dans l’apothéose du carillon puissant d’une cloche et de cet épilogue somptueux d’une caméra enfin en couleur qui scrute les icônes atteignant la dimension mystique du final de 2001.

Je dois dire qu’il ne m’a pas été facile de rentrer dans ce film. Si le prologue est visuellement fantastique, les 2 premiers chapitres m’ont laissé plutôt de marbre. Mais dès qu’Andreï expose sa foi à Théophane avec sa vision de la Passion du Christ, le film prend une ampleur toute autre. Dès lors les chapitres s’enchainent. L’horreur et la bêtise humaine de ce moyen-âge russe ou règnent l’intolérance, la violence et l’avidité mettent à mal la foi d’Andreï et donc son art.

Si tout ne m’a pas séduit (l’épisode de la sourde-muette avec les Tatars que j’ai trouvé longuet et sans que ça apporte grand-chose), que quelques moments sont à la limite du ridicule (les yeux crevés, les faux coups de béliers), Tarkovski rattrape le tout par une maestria et une poésie impressionnante. Que ce soient les travellings pendant l’attaque des Tatars, les flocons de neige dans l’église, les feux pour la cloche et les multiples plans larges aériens, tout participe à un émerveillement quasi constant.

Andreï Roublev est une figure christique dans le bon sens du terme. Point de sauveur de l’humanité mais un humaniste. Un homme qui aime son prochain et souffre pour lui. Un homme qui se retirera du monde jusqu’à atteindre l’illumination devant ce que les hommes peuvent accomplir de beau et de bon.

Créée

le 11 nov. 2014

Critique lue 553 fois

18 j'aime

6 commentaires

ghyom

Écrit par

Critique lue 553 fois

18
6

D'autres avis sur Andreï Roublev

Andreï Roublev
Sergent_Pepper
9

« Contempler, créer, renoncer, s’élever »

Après L’Enfance d’Ivan, Tarkovski embrasse pleinement son art pour se lancer dans une fresque monumentale, à la fois reconstitution historique de grande ampleur et réflexion puissante sur les affres...

le 9 nov. 2013

123 j'aime

14

Andreï Roublev
SanFelice
10

"Réconcilier l'homme et Dieu"

Il y a des films qui sont tellement exceptionnels que j'ai peur de ne pas trouver les mots pour les décrire. Tellement ... que les superlatifs paraissent bien fades. Tellement... que je me sens...

le 7 déc. 2013

123 j'aime

32

Andreï Roublev
Wobot
2

Pourtant, j'ai essayé...J'AI VRAIMENT ESSAYE MERDE!

Vous savez, à la veille de 2014, j'avais pris une résolution un peu saugrenue: me lancer dans un cycle Tarkovski...Vous savez, Tarkovski? Un des cinéastes les plus adulés sur ce site, ayant presque...

le 15 févr. 2014

87 j'aime

44

Du même critique

Citizenfour
ghyom
8

A travers le PRISM de Laura Poitras.

« Citizenfour » ne cherche pas à expliquer le fonctionnement de l’espionnage systématique massif mis en place par la NSA et le gouvernement américain. Il ne cherche pas non plus à condamner et à...

le 25 févr. 2015

56 j'aime

7

Mad Max - Fury Road
ghyom
9

Histoire d'un aller et retour

La première chose qui frappe dans ce film c'est la photographie. C'est tout simplement somptueux. Bien aidé il est vrai par les paysages, il faut tout de même noter le travail fantastique de John...

le 17 mai 2015

38 j'aime

5

Seul au monde
ghyom
3

Critique de Seul au monde par ghyom

"Seul au monde" c'est l'histoire de Robinson Crusoé, sauf que Robinson a un sens du devoir qui dépasse l'entendement (et tout sens logique) et que Vendredi est un ballon de Volley. Évidemment si...

le 1 avr. 2014

36 j'aime

10