La première chose qui frappe dans ce film c'est la photographie. C'est tout simplement somptueux. Bien aidé il est vrai par les paysages, il faut tout de même noter le travail fantastique de John Seale. Les jours nimbés d'ors et d'ocres, les nuits "américaines" d'un bleu sombre où les variations de teintes n'existent presque pas, un semblant de noir et blanc en bleu et blanc. Le film se découpe ainsi en jours et en nuits, en un aller et un retour, en un retour aux sources et un retour à la source.
Miller développe son univers : lézard à deux têtes, hommes "blanchis" se perfusant le sang de prisonniers, mères nourricières traites comme des vaches, homme portant des ceintures de balles sur la tête telles une perruque d'avocat anglais, etc. et nous offre surtout un superbe méchant : Immortan Joe. Être dégénéré (dans tous les sens du terme), manquant de chromosomes sains, lui qui en distribue : du chrome aux hommes, père d'enfants difformes et débiles, il espère avoir des enfants sains en se gardant un harem de femmes belles et saines. Celles-ci, avec l'aide d'Imperator Furiosa, s'enfuient. C'est le moment d'une course poursuite dantesque de 2h interrompue qu'à de brefs moments comme cette scène quasi érotique où les nymphes s’abreuvent et se libèrent de leurs ceintures de chasteté, un vêtement humide dévoilant la rondeur d'un ventre, laissant au spectateur le temps de respirer avant la prochaine apnée. Furiosa est le personnage fort de cet épisode. Elle s'impose clairement devant un Max en retrait. Le problème principale de Max c'est le manque d'empathie créé. Son personnage de solitaire mutique, indépendant, sans attache, ne créé à aucun moment un tant soit peu d'émotion. Il en est presque inhumain. Furiosa au contraire est profondément humaine, elle est noble et compatissante. Même Nux, espèce d'illuminé a priori détestable est touchant dans sa folie "enfantine" lorsqu'il s'agit de savoir qui va conduire et qui va être le lancier ou lorsqu'il recherche l'attention d'Immortan Joe. Max n'est à aucun moment "humain", il est uniquement pragmatique et ce pendant les 3/4 du films. Seul son don final à Furiosa l'humanise un peu mais c'est trop tard pour qu'on s'attache.
Bref, hormis ce défaut qui n'en est pas tellement un pour peu qu'on accepte Furiosa pour héroïne, on pourrait se dire que 2h de poursuite ça peut être long. Pourtant ça tient en haleine de bout en bout. Et si ça tient c'est grâce à la mise en scène et à l'inventivité de Miller. Les véhicules sont variés : de la moto au camion en passant par le monster truck ou le mur de son roulant avec ses tambours et son guitariste (rendant alors la musique diégétique), ornés de pics et de mitrailleuses, conduites par des kamikazes mi-il leur en manque une (de case) criant "Witness" à chaque fois qu'ils se sacrifient (en hommage à Peter Weir ou Harrisson Ford sans doute), armés de flingues en tous genres, de lances explosives, de lance-flammes, de tronçonneuses, perchés sur des pendules. Miller multiplie les situations sans jamais se répéter, multiplie les points de vue et garde toujours l'action lisible. C'est un véritable tour de force.
La vie n’est qu’une ombre qui passe, un pauvre acteur qui se pavane et s’agite durant son heure sur la scène et qu’ensuite on n’entend plus. C’est une histoire dite par un idiot, pleine de bruit et de fureur, et qui ne signifie rien.
Macbeth - William Shakespeare